L'action valable dans les moments d'incertitudes

L'action valable dans ces moments d'incertitudes

 



(photo wikipédia: Plaque de rue de l'impasse Vandal, dans le 14e arroundissement de Paris) 
 

Dans plusieurs de nos articles au cours des derniers mois nous avons présenté les thèmes de la psychologie phénoménologique. Par conséquent, au cours des dernières semaines nous avons décidé de faire relâche et nous concentrer davantage sur d'autres ouvrages de Silo. Nous avons choisi d'aborder l'action personnelle et sociale ainsi que le registre c'est-à-dire - ce que j'enregistre de l'impression de l'action valable.

Aujourd'hui après tant d'échecs, tant de désillusions et de pertes de certitudes, quelles nouvelles actions « valables » pouvons-nous soutenir pour produire des transformations de fond?



(..) les religions, les systèmes juridiques, les systèmes idéologiques et les écoles morales de la décadence se sont efforcés d'apporter une réponse à ce sérieux problème qu'est la conduite humaine et d'établir une morale, une éthique. Ils ont tous souligné l'importance de justifier ou de ne pas justifier un acte (..) on a essayé de donner des réponses sur le caractère valable de l'action à partir de ce qu'on appelle, depuis l'Antiquité, l'éthique ou la morale. (Silo, p. 22, 2013)





La direction de notre vie


Nous traversons présentement ce moment d'incertitudes et de confusions, les individus se questionnent sur la validité de leurs actions et sur la validité des actions menées par les individus en situation de pouvoir qui représentent les gouvernement et les grands institutions. 

Plusieurs personnes se disent : « la vie n'a aucun sens, ainsi je vais faire ce qui me plaît, si je le peux. D'autres disent : « comme la vie a peu de sens, je vais faire les choses qui me procurent le plus de satisfaction et me permettent de me sentir bien, et ce à n'importe quel prix. D'autres disent encore : « étant donné que je suis dans une mauvaise situation et que la vie n'est que souffrance, je vais agir tout en gardant les apparences, je vais « agir pour maintenir le paraître ». Finalement, d'autres ne savent pas très bien ce qu'il doit être fait, mais ressentent à l'intérieur eux-mêmes cette urgence de faire quelque chose pour s'en sortir et sortir les autres autour d'eux de ce moment de crise très difficile.



Dans ces époques comme celles que nous vivons - de grandes fatigues culturelles, surgissent ces réponses à courts termes qui nous dictent ce que nous devons faire ou ne pas faire. Ainsi nous voyons arriver ces opportunistes qui essayent de rapidement adapter une réponse, et de propulser ces formes d'adaptations afin que ce soit eux qui puissent en retirer le maximum des bénéfices. Alors que d'autres font la morale en dictant le comment et le quoi faire. Comme par exemple, on prétend justifier son action par une quelque compte théorie basée sur des prétendues prédictions économiques ou politiques. Pourtant, il est bien évident pour tout le monde qu'au sommet des valeurs s'est installé le mythe de l'argent auquel tout est subordonné. Il y a encore l'engagement politique, mais il nous semble que nous devons oublier ce mirage du pouvoir politique.  En fait, il nous est difficile de comprendre que nous devons nous engager dans quelque compte action politique et tenter d'essayer d'occuper ces coquilles vides de plus en plus coupées des réels enjeux locaux et globaux et surtout coupées d'une représentativité réelle. 

Puisque quand nous nous référons à la globalité du monde nous parlons de la globalité de la crise dans sa dimension planétaire. En effet, pour la première fois de l'histoire, c'est l'ensemble de l'humanité (voir note) qui est menacée de catastrophe globale, ici nous parlons de sa complète disparition par la conséquence : d'une pauvreté chronique pour plus 1 milliards de citoyens, des changements climatiques, des migrations massives de millions de personnes, des problèmes de sécurité alimentaire, des problèmes de santé publique et des épidémies, des conflits armées, de l'acidité des océans et des menaces de guerres nucléaires.



Certaines doctrines expliquaient que l'être humain et une sorte d'animal rapace, un être qui doit avancer à tout prix et qui se fraye un chemin quoi qu'il en coûte, même aux dépens d'autres être humains. Il y a une sorte de volonté de puissance qui se cache derrière cette morale. D'une certaine manière, cette morale peut paraître romantique, mais elle est néanmoins dirigée vers la réussite et elle n'apporte pas de réponse à l'individu, dans sa prétention de volonté de puissance, si les choses tournent mal pour lui. D'autres idéologies singulières nous disent les choses suivantes : la morale est une pression sociale qui sert à contenir la force des impulsions et cette contrainte crée une sorte de surmoi; la compression exercée dans la chaudière de la conscience permet de sublimer ces impulsions de base et de leur donne une certaine direction... Mais notre pauvre ami, qui voit défiler les uns et les autres avec leurs idéologies respectives, finit par s'assoir sur le bord du terroir en se disant: « Mais qu'est-ce que je dois faire?  D'une part, un ensemble sociale fait pression sur moi, d'autre part, j'ai des pulsions qui semblent pouvoir être sublimées, pour peu que je sois artiste. Autrement dit, je n'ai plus qu'à m'étendre sur le divan du psychanalyste si je ne veux pas finir névrosé. » (Silo, p.20, 2013)



Quels comportements et quelles actions peuvent produire les changements nous que souhaitons pour notre vie et pour le monde? Nous savons que si nous pourrions penser, sentir et agir dans la même direction et que si ce que nous faisons ne produiserai aucune contradiction entre le sentiment, l'agir et la pensée nous aurions une vie cohérente. Mais nous devrions aussi soutenir et demander la même cohérence chez les autres autour de nous. Ainsi, nos relations avec les autres devraient être cohérente. Car nous savons qu'il existe des formes de cohérence destructive observable chez les racistes, les discriminateurs, les sexistes, les extrêmistes, les exploiteurs, les fanatiques et les violents. En effet, leur incohérence se trouve dans leur relation avec les autres, parce qu'ils traitent les autres d'une façon très différente de celle qu'ils veulent pour eux-mêmes – ils utilisent la violence, l'exploitation, l'escroquerie, et la discrimination pour imposer leur vision du monde.



(..) l'être humain développe une façon de vivre selon la direction qu'il donne à ses activités. Dans la vie humaine, tout dépend de la direction que l'on prend. Si j'ai un emplacement face au futur, mon présent s'y ajustera. Ainsi, toutes ces questions concernant ce qui est valable ou non, ce qui est bien ou mal affectent non seulement l'avenir de l'être humain, mais également son présent. Elles affectent non seulement l'individu, mais aussi les groupes humains et les peuples. (Silo, p. 20, 2013)



Ainsi il faudra se rappeler que notre liberté de choix et d'action est délimitée par la situation que nous vivons.  Ce qui est valable, ce qui est bien, ce qui est mal, affectent non seulement mon futur, mais également mon présent. Les actions que nous choisirons de faire aujourd'hui nous affecterons demain et affecterons aussi d'autres personnes. Tout changement que nous souhaitons faire n'est pas projeté dans l'abstrait mais est référencé à notre situation de vie. Conséquemment, ce que nous choisissons de faire maintenant est d'une importance capitale pour notre vie et pour la vie des autres autour de nous.



(Photo wikipédia: Méditation Jaïn)

Méditation et le dépassement de la souffrance


Mais comment pourrons-nous évaluer notre propre action dans toute cette confusion? Il y a des actions neutres qui nous rende ni meilleur ou pire - elles sont plus ou moins habituelles ou agréables. Il y en a d'autres qui nous font du mal et qui sont contradictoires. Et finalement, il y a d'autres actions qui sont très positives et que Silo appellent dans son ouvrage Humaniser la Terre les « actions valables ». Il explique que la véritable sagesse ne s'apprend pas dans les livres mais est liée à la question de l'action, à la question de l'expérience personnelle et du registre de ses propres actions. Selon lui la véritable sagesse consiste à percevoir, grâce à la méditation, la racine de sa propre souffrance et de trouver les moyens de dépasser cette souffrance et cette violence en soi-même et dans le monde. Pour Silo la pratique de l'action valable soutient cette recherche.



Dans notre prochain article nous allons adorder le traitement de l'"autre", de l'action valable et du registre de l'action valable.
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Références:

Ouvrages disponibles : www.educationnonviolence.ca

Silo Parle, recueil d'opinions, de commentaires et de conférences, 1969-1995, Éditions Références, Paris, 2013. 











Humaniser la Terre, Silo, Éditions Références, Paris 1997.











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Note:
L'ensemble de l'humanité: nous utilisons ces thèmes pour définir non seulement les individus et le patrimoine génétique, mais aussi l'ensemble de la mémoire collective humaine (son passé, son présent, et son futur) autrement dit nous parlons de la chute de l'humanité, de la chute de l'ensemble des cultures, l'ensemble des religions et des spiritualités, l'ensemble des sciences, l'ensemble des technologies, l'ensemble des arts de l'humanité).


Registre: expérience de la sensation produite par les stimuli détectés par les sens internes ou externes, y compris le souvenir et l'imagination.

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