2016.. nous ne sommes plus étrangers les uns des autres. De quel côté de l'histoire allons nous, nous retrouvés ?


(Historia, allégorie de l'histoire, Peinture de Nikolaos Gysis 1892)


De quel côté de l'histoire allons-nous nous retrouvés ?

Aujourd'hui, je vais parler de la dynamique entre les générations, les paysages, les projets sociaux et la direction morale. Dans certains milieux, circule cette conception plutôt naive, qui parle d'un fait biologique entre les générations autorisant certains à "biologiser" une dialectique entre les générations. Cependant nous savons que chaque nération, avec le substrat de croyances qu'elle possède et qui leur est propre, dynamisent des actions-dans-le-monde. 

Ainsi, l'idée selon laquelle les jeunes sont davantages enclins d'adhérer à des idées révolutionnaires et réactionnaires n'est pas tout à fait correcte, de même que celle qui prétend que les générations vieillissantes sont davantages conservatrices. Cette façon de voir les choses se retrouve fortement démentie par les faits historiques. Il semble que ce qui définit le signe de la dialectique générationnelle dans l'histoire interfère davantage avec le projet social et avec la direction morale qui proposent les protagonistes et antagonistes.

En fait, l'histoire nous démontre que malgré l'influence et les pouvoirs des protagonistes (antagonistes) concernant la direction des institutions sociales, politiques, économiques et religieuses, dans les moments critiques d'autres événements viennent brouiller les dessins et projections futurs. Par exemple, dans l'ouvrage Mythes-Racines Universels l'auteur Silo explique : certains peuples traduissent leurs tensions au moyen d'inquiétantes images de contamination et de dévastation ; et fréquemment se sont ceux-là même qui, dans leurs meilleurs moments, ont donné l'impulsion de construire avec solidité de nouvelles réalités.  Tandis que chez d'autres peuples ils se sont formés et se sont développés à travers des sensations douloureuses de l'exclusion et de l'abandon de paradis perdus, et se sont ces conditions qui les ont poussés à améliorer et à connaître infatigablement pour se rapprocher et atteindre le centre du savoir. (Silo, 2009, p. 5)


Désormais, devant nous se présente une dialectique de projets et de directions et non cette dialectique des générations ou encore celles des classes sociales, même si, souvent nous constatons qu'une génération porte une sensibilité qui résonne avec une direction morale et avec certains projets sociaux. Ainsi à certains moments il n'est pas surprenant de voir surgir une rupture. Une rupture parfois violente en ce qui concerne la direction mentale et morale de la génération précédente. En effet, les futurs possibles ne semblent plus converger vers le bien-être des nouvelles générations et de l'ensemble de la société.  



Les projets de transformation social 

Aujourd'hui, se dessine dans le paysage humain des projets de réforme, de conservation, continuité sociale voire des projets ruptures. Les protagonistes qui portent ces projets rivalisent entre eux, sur la place publique, dans les médias, sur le web et dans les assemblées législatives. Mais après tant d'échecs, tant de désillusions et perte de certitudes, plusieurs en viennent à des questionnements similaires : ça sert à quoi de pousser certains projets politiques et sociaux si l'ensemble de la société est en crise ? En effet, la crise actuelle s'est introduite partout dans la société tant dans les organisations économiques, que politiques, que dans les milieux de travail et dans la quotidienne des gens. D'autre part pour nous, il est fondamental de comprendre que des projets politiques et sociaux peuvent accentuer les facteurs qui alimentent la crise ou en réduire ses effets ainsi que les dommages collatéreux. Par exemple, un projet politique qui propose la gratuité des services en santé et l'accessibilité à une éducation de qualité à tous, permet à des milliers de familles et des millions de personnes de tenir le coup.  Par ailleurs, un projet politique qui propose l'austérité et la réduction des programmes sociaux ne fait qu'accentuer les facteurs qui alimentent la crise et les problèmes dans la vie quotidienne des gens et des familles.
 
Certains groupes recherchent des moyens de se sortir de la crise et du "non-sens" mais projettent vers l'avenir des projets de conservation d'un système et des manières de faire qui ne fonctionnent plus. Ce sont des regards qui sont voués à l'échec et à la désillusion collective. En effet, tout le monde est d'accord et affirme que conserver certaines façons de faire n'ajouteraient que des problèmes à des situations déjà compliquées. Ainsi de miser sur la conservation de ces choses qui ne fonctionnent plus et qui créent des déséquilibres meneront tôt ou tard à la désorganisation de l'ensemble d'un système. Ici nous insistons sur le fait que la crise ne devrait pas être interprétée dans un sens tragique. En fait, cette crise  représente l'épuisement d'un moment de processus et la fin d'une condition qui annonce des transformations.

En effet, le fait de vouloir copier le monde tel que l'on le perçoit n'aide en rien à la situation actuelle. Il semble que ceux qui se lancent dans des projets de transformation et ont l'audace de ne pas copier le monde réalisent une avancée pour eux-mêmes et pour les autres.  

Les changements technologiques 
Prenons comme exemple, l'avancée fulgurante des technologies de l'information et des communications des dernières décennies. Aujourd'hui une majorité de gens constatent les bienfaits de cette avancée dans plusieurs domaines de l'activité humaine.  Si nous retournons en arrière nous constatons que cette génération née au cours des années '50 et '60 a grandit en imaginant le monde autrement. Une fois devenue adulte cette génération a pris comme référence les éléments de son paysage de formation tels que: les BD de Super Héros, les séries télévisées (Star Trek) et les romans de science fiction de Jules Vernes, Isaac Aismov et Aldous Huxley. Plus tard, il n'a pas été surprenant de constater que plusieurs se sont mis à développer des séries d'appareils technologiques reliés entre eux en réseaux pour éventuellement instaurer un nouveau système relié à divers réseaux. Ils ont créé cette nouvelle façon de fonctionner de manières flexibles et décentralisés. Ils sont créé une toile "communicative" qui couvre la planète et qui est composée de plusieurs réseaux, donc le tout est transcendant (saut qualitatif) à la somme de ses composantes et éléments - "l'Internet'. 

Ainsi, nous observons des changements et des avancées similaires dans plusieurs domaines : dans le monde médical, en biologie, en génétique et en sciences neurologiques. C'est comme si le temps "technologique" avait fait un saut qualitatif de plus de 500 ans en quelques décennies permettant l'évolution rapide de plusieurs champs de l'activité humaine

Prenons par exemple, l'invention du transistor et les semi-conducteurs en 1947. Nous sommes passés en peu de temps, à une communication télégraphique avec le télégraphe de Samuel Morse, au téléphone terreste de Bell, au téléphone satellite, au cellulaire (activé par l'énergie micro-onde) pour finalement naviguer sur le web avec des téléphones intelligents. Tout un exploit !

D'autre part, si nous pourrions téléporter dans le moment actuel un individu de 20 ans née en 1910 à Paris. Un jeune 'fan' de Jules Vernes et des innovations de 'Nikola Tesla'. Une fois téléporter en 2015, les représentations de ce jeune homme et ses mesures de la réalité  seraient désphasées par rapport à son époque. Celui-ci serait surpris de constater que nous sommes toujours au prise avec des inégalités sociales énormes qui se creusent davantage de jour en jour; surpris par le niveau de corruption qui s'est installé partout dans les organisations et les institutions ; surpris de constater les guerres ; les migrations massives des populations ; surpris par ces millions de jeunes et d'enfants laissés à l'abandon ; surpris par la violence et la discrimination envers les minorités et les femmes; surpris par la montée d'un certain mouvement néo-fascisme qui s'est installé un peu partout sur la planète et par la montée du fanatisme religieux ; surpris par la quantité d'armes de destruction massives (armes nucléaires) et par cette capacité d'autodestruction que possèdent les Russes, les Américains, les Français, les Anglais et bien d'autres pays. Mais, il serait sûrement enchanté de constater les développements de technologique et de la médecine, par l'augmentation de l'espérance de la vie humaine; par la physique quantique et le séquençage du génome humain. Il serait émerveillé par la marche de l'homme sur la lune et par l'amplification de nos connaissances qui nous relient à de lointaines galaxies et planètes. Par ailleurs, notre individu en considérant le tout dans un seul moment telle une photographie, expérimenterai un vertige, voire la nausée face à un paysage chaotique en phase de déshumanisation croissante.

Cette anectode du retour vers le futur amène plusieurs questions. Pourquoi aujourd'hui est-il urgent de questionner le temps social? Pourquoi est-il urgent de débattre des projets sociaux de conservation, de réforme, de continuité, de transformation, de manières de faire et de manières de penser ? Pourquoi l'être humain aurait-il besoin de transformer le monde et de se transformer lui-même ? 

Mais, avant de traiter de front ces questions, il sera sage d'aborder le thème de paysage parce que peu importe notre direction et notre projet nous apportons notre paysage de formation ou nous allons!

Le paysage humain et le paysage de formation

Quand nous parlons de paysages de quoi parlons-nous au juste? Pour saisir le contexte dans lequel nous abordons ce concept rappelons quelques définitions que nous avons traité dans les blogues précédents. Nous disons que le paysage humain n'est pas la simple perception d'objets mais plutôt un révélateur de signifiés et d'intentions dans lesquelles l'être humain se reconnaît lui-même. Par ailleurs, pour que l'être humain puisse se reconnaître lui-même, il doit codifier des informations. Cette codification est possible, entre autre, grâce aux sens, à la mémoire, à la conscience et au comportement.  En fait, le comportement est cette structure qui englobe le registre de la sensation et la réponse à ces sensations. Tandis que les sens ont pour fonction de recevoir et fournir des données à la conscience et à la mémoire. On définit la conscience comme le système de coordination et de registre effectué par le psychisme humain.  Ici lorsque nous parlons de la mémoire, nous disons qu'elle est la fonction du psychisme qui régule le temps et garde registres et sensations provoqués par les stimuli externes et internes. 

"Nous disons que la structure minimale de la conscience est la relation acte-objet, qui se fait par les mécanismes et l'intentionnalité de la conscience. Ce lien entre des actes et des objets est permanent, même quand il existe des actes lancés vers la recherche d'objets qui ne sont pas nécessaires au moment même du lancement de la recherche. C'est cette situation qui donne une dynamique à la conscience. (...) L'intentionnalité est toujours lancée vers le futur, ce qui se registre comme une tension de recherche, et aussi vers le passé dans le cas de l'évocation. Ainsi, les temps de conscience s'entercroisent dans le moment présent. La conscience futurise 1 et se souvient, mais au moment de la mise en oeuvre, elle travaille au présent. (...) (Silo, 2013, p. 35)
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1 : Futuriser n'existe pas en français. "Futurisme' définit l'attitude de celui qui se tourne vers l'avenir. Nous suivons donc donc l'auteur lorsqu'il rend la démarche active et intentionnelle par le création de ce verbe.

Tandis que le paysage de formation, est l'emplacement personnel, à tout moment de la vie d'un individu. Cet emplacement s'effectue par la représentation de faits passés et de ceux plus ou moins possibles dans le futur. Ainsi quand nous parlons de paysage de formation nous faisons allusion aux événements véçus par un être humain depuis sa naissance et en relation avec un milieu donné. Conséquemment nous constatons que le paysage de formation agit comme un "tréfonds" d'interprétation et d'action et comme une sensibilité. C'est-à-dire un ensemble de croyances et de valorisations avec lesquels vit un individu et une génération toute entière


Le paysage humain des années '80

En fait, paysage de formation de la génération née au cours des années  '80 est différent du paysage de formation de la génération qui nait présentement. La génération qui est née au cours des années '80 a grandi en regardant les vidéocassettes de Stars Wars, ET et d'Indiana Jones. Elle a passé des heures à jouer des jeux vidéo avec Mario Bros et Atari. Elle a écouté sa musique en marchant avec le "walk-man" à la main. Plus tard cette génération a poursuivi sa marche avec son IPod vers la "corporatisation" du monde .. dans le monde supposément libre de tout totalitarisme et de fascisme (vaincu à la 2ième guerre mondiale).  

Par ailleurs, à l'arrière plan de ce paysage, les choses se sont déroulées autrement. En fait, en 1989 le mur de Berlin est bien tombé ..  la chute de tout un système, la chute de l'Union Soviétique. C'est une moitié du monde qui s'écroula... et ce monde est tombé sans violence, sans tragédies, ni persécutions et sans génocides.  Mais avant sa disparition, plusieurs hommes politiques, des diplomates, des artistes et des hommes de paix ont travaillé vers le désarmement nucléaire - mais malheureusement ce désarmement ne fut ni global ni momentané !  

Tandis que d'autres hommes, davantages tournés vers et le 'big business' et les banques n'y voyaient que profits et opportunités. Ils ont priorisé  l'argent et l'acte de 'corporativiser' la planète (corporativisme). Ils ont construit une échelle de valeurs vide ou l'être humain concret n'occupait pas la position centrale et ou le culte de l'argent s'est progessivement installé. Soutenu par le néodarwinisme fondé sur la lutte pour la survie du plus apte, cette manière de penser c'est frayé un chemin non pas par ses exceptionnelles qualités, mais en raison de l'écroulement des grands systèmes de la pensée du XXième siècle. En effet, il s'agit d'un vide énorme laissé par l'échec des systèmes structurés et des systèmes de pensées. Éventuellement, ce vide a été rempli par n'importe quelle chose de qualité inférieure, pour peu que celle-ci satisfasse certains intérêts particuliers et économiques.

Le paysage de formation des générations du millénaire

Les jeunes nés au tournant du millénaire et les enfants qui naîssent aujourd'hui grandissent dans un paysage humain totalement différent de celui des années '80. Ils vivent dans un moment de crise profonde, mais cette crise a une caractère unique car son aspect le plus spécifique ne s'est jamais donné dans l'histoire humaine : ici je me réfère à sa globalité et à sa dimension planétaire. Dans l'histoire de l'humanité, on a assisté à plusieurs reprises, à la chute d'empires gigantesques, de civilisations entières, à la disparation de peuples puissants avec leurs villes, leurs institutions et leurs dieux. Mais jamais on n'avait observé sur toute l'humanité, la menace d'une catastrophe globale, de sa complète disparition, comme celle que nous affrontons aujourd'hui, par le danger d'une guerre nucléaire et par les désquilibres écologiques.

Ainsi aujourd'hui les jeunes grandissent dans un monde teinté par la peur et les nombreuses incertitudes qui planent sur le futur et leur devenir. Les moyens de communication sont présents partout dans leur quotidien. Ils sont branchés à des téléphones cellulaires, aux textos, à des GPS, à des tablettes et aux jeux vidéo. Ils se développent dans un paysage porté par le processus de globalisation. Ils vivent les conséquences de la fragmentation des organisations et des institutions et l'imprévisibilité des événements ; ils vivent dans un monde en s'accélération constante mais sans direction commune ni sens collectif. Ils voient en temps réel les plus douloureux déséquilibres ; la faim et l'opulence ; les techonologies les plus avancées et le travail physique le plus exténuant, des villes immenses au bord du collapsus et des aires abondonnées et désertes. Mais surtout, ils voient la confusion, la perte de sens de la vie et la violence sous toutes ces formes. En plus, de toute cette violence qui est présentement exaltée par le nouveau potentiel technologique par les grands médias. Ils sont témoins de cette l'atmosphère sociale envenimée par la cruauté d'une majorité de leaders sociaux et politiques qui nient le droit au traitement juste et équitable d'une multitude de personnes ; parce qu'elles sont issues d'une minorité ethique, culturelle, sexuelle et religieuse ou parce qu'elles sontfugiées des guerres ou des catastrophes naturelles - ou parce qu'elles pensent et s'expriment différemment. 


Mais, forte heureusement au-delà des événements tragiques et des leaders cruels, les nouvelles générations développent peu à peu de nouvelles perspectives. En fait on constate que certaines tendances se dessinent dans le paysage humain. Ce sont des aspirations qui cherchent de nouveaux modèles, de nouvelles références et qui offrent des réponses non réactives mais des réponses différées. (une réponse différée est une réponse intentionalisée). Ce sont des réponses et des images générées de 'possibles' qui finiront par guider l'activi des nouvelles générations dans le monde.
 
Ainsi, le temps ne s'écoule pas nécessairement d'un vers l'arrière à vers devant. C'est pourquoi nous parlons d'un sens inverse c'est-à-dire de "sauts" imprévisibles - comme l'a fait cette génération née dans les années '50 et '60 avec l'avancée technologique  fulgurante provoquant du même coup une accélération des échanges entre les cultures, les religions et les personnes. Aujourd'hui, pourquoi ne parlons nous pas d'un saut qualitatif qui permettrait à toutes les générations, à tous les clans et les factions, de dépasser la déshumanisation (la réduction de la liberté humaine) sans pour autant abandonner leur propre clan ; de dépasser l'absurdité de la violence, de la guerre, de dépasser le fanatisme et la menace climatique ?  Pourquoi ne parlons-nous pas d'un projet solidaire et nonviolent partagé par l'ensemble des générations et qui pourrait garantir la continuité de l'humanité en humanisant les organisations, les institutions et les individus ? Pourquoi ne pas lancer des organisations vers un nouvel horizon, vers de nouvelles images et d'autres possibles.  Évidemment, toutes ces questions sont référencées à un autre emplacement socio-temporel  "le futur" ... puisque nous parlons toujours du futur, même si certains parlent de projets en thème de "maintenant", il demeure qu'ils en parlent en thème de continuité, de conservation, de réforme ou de rupture projetter vers le futur. Ces projets et pespectives pointent tous le futur ! Ainsi la question qui prend tout son sens est celle qui concerne les conditions de vie. C'est-à-dire ces conditions dans lesquelles nous voulons vivre et celles que nous voulons construire et projetter dans l'avenir.  

Si nous orientons nos actions en accord avec un projet solidaire, nonviolent qui converge avec la diversité des cultures, des croyances, des réalités et des personnes. Il me semble qu'en tant qu'êtres humains, nous ne serons plus des étrangers les uns envers les autres. Ainsi pour la première fois, nous partageons un paysage humain, bien que nous soyons issue de différentes générations, cultures et religions Pour la première fois nous ne serons plus étrangers à notre destin et au destin du monde !  C'est un grand soulagement de constater que nous ne sommes plus seul .. et qu'un projet lancé vers l'avenir par une multitude de personnes est possible. Quand bien même si les choses ne sont pas clairement énoncées comme telles; celles-ci se présentes dans le paysage humain et est dé présent le paysage de formation des nouvelles générations.

Finalement, pour apporter un éclairage sur les concepts de paysage humain et paysage de formation. Nous reprenons quelques paragraphes du chapitre le Paysage Humain tirés de l'ouvrage "Humaniser la Terre" de Silo.
Quand j'ai parlé du "pouvoir" auquel accède une génération - j'imagine que cela a été bien compris -, je me suis référé à ses diverses expressions : politiques, sociales, culturelles et ainsi de suite.

V. Distance qu'impose le paysage humain

1. Toute génération possède sa part d'asture et n'hésitera pas à faire appel à la rénovation la plus sophistiquée si, par ce biais, elle augmente son pouvoir. Cependant, ceci la conduit à d'innombrables difficultés parce que la transformation qu'elle a mise en marche entraîne la société vers l'avenir. En effet, dans la dynamique du présent, celle-ci est déjà en contradiction avec le paysage social intérieur que l'on voulait maitenir. C'est pour cela que je dis: "chaque génération possède sa part d'astuce", mais elle possède également son piège.

2. A quel paysage humain se heurte l'envie nulle et injustifiée? D'abord, elle se heurte à un paysage humain perçu, différent du paysage dont on se rappelle. Mais aussi un paysage humain qui ne correspond pas au ton affectif, au climat émotif général du souvenir de personnes, d'édifices, de rues, de métiers, d'institutions. Et cet "éloignement" ou "étrangeté" montre clairement que tout paysage perçu est une réalité globale, distincte de celle dont on se souvient, même quand il s'agit des choses quotidiennnes ou familières. C'est ainsi que les envies qui ont fait caresser si longtemps la possession d'un objet (chose, personne, situation) sont finalement déçues dans leur réalisation. Et voilà la distance que la dynamique du paysage humain impose à tout souvenir entretenu par un ou plusieurs individus, ou encore par toute une génération. Coexistant dans un même espace social, cette génération est nimbée d'un tréfonds émotif semblable... Combien s'éloigne l'accord à propos d'un objet, quand il est considéré par différentes générations ou par des représentants de différentes époques qui coexistent dans le même espace! Et s'il semble que nous parlions d'ennemis je dois souligner que ces abîmes s'ouvrent déjà entre ceux qui ont les mêmes intérêts. 

3. On ne touche jamais un même objet de la même façon et on ne ressent jamais deux fois la même intention. Et ce que je crois percevoir comme intention chez les autres n'est qu'une distance que j'interprète toujours de façon différente. Ainsi, le paysage humain, dont la caractéristique distinctive est l'intention, met en relief l'étrangeté. Il fut un temps ou de nombreuses personnes ont noté cette étrangeté et pensé qu'elles étaient peut-être le produit de conditions objectives d'une société non solidaire qui aurait envoyé en exil la conscience dépossédée. S'étant trompées dans leur appréciation concernant l'essence de l'intention humaine, ces personnes se sont aperçu que la société qu'elles avaient bâties avec effort ouvrait un abîme entre les générations et devenait étrangère à elle-même à mesure qu'augmentait l'accélération de leur paysage humain. D'autres sociétés, qui se sont déployées selon des schémas différents, ont reçu un choc identique qui a permis de démontrer que les problèmes fondamentaux de l'être humain devaient être résolus avec pour objectif l'intention qui transcende l'objet et dont l'objet social est seulement la demeure. C'est ainsi que l'on a compris que la nature entière (y compris le corps humain) était le foyer de l'intention transformatrice.
4. La perception du paysage humain est une comparaison avec moi-meme ; elle est aussi un engagement émotif, quelque chose qui me nie ou me lance en avant. Et alors que j'accumule des souvenirs, je suis aspiré depuis mon "aujourd'hui" par le futur intentionalisé. Ce futur qui conditionne le présent, cette image, ce sentiment confus ou voulu, ce faire choisi ou imposé, marquent également mon passé, parce que cela change ce que je considère comme étant mon passé.

Nous devons choisir dans quelles conditions nous voulons vivre aujourd'hui C'est un moment périlleux pour l'ensemble des générations. L'humanité s'apprête à faire un choix. Dans un monde qui se globalise rapidement et qui montre les symptômes de choc entre les générations, les cultures, les ethnies et les régions, il doit exister un direction universel, pluriel et convergent.  De quel côté de l'histoire allons nous nous retrouvé?

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Références

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Le texte de ce blogue est tiré de l'ouvrage Humaniser la Terre, Silo, Éditions Références, Collection Nouvel Humanisme. 




Mythes Racines Universels, Silo, Éditions Références Collection Nouvel Humanisme,



Note de psychologie Silo, Éditions Références, p.347, 2012.



 
Site internet de l'éditeur : www.educationnonviolence.ca



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