Est-ce possible d’enrayer la violence à l’école et dans les sociétés sans envisager d’enrayer la violence des institutions sociales, économiques, religieuses et politiques?



Comment sortir nos enfants des situations d’intimidation et de violence ? 


Aujourd’hui la violence est présente partout dans la société et prend différentes formes - elle est économique, par la pauvreté, le chômage et la corruption ; raciale par le racisme et la discrimination ; psychologique par la manipulation, la dégradation, la perte de confiance en soi et l'éducation nihilisme ('No future'); religieuse par le fanatisme et l’intolérance ; sexuelle par le sexisme, homophobie et le viol ; physique par les coups, la multilation, l’agression, le terrorisme et la guerre. Les élèves sont directement en contact avec la violence. À tous les jours ils sont témoins de scènes de violence à la télévision, dans les vidéos, sur l’Internet et dans leur milieu immédiat. Malheureusement les médias, le cinéma et les jeux vidéo banalisent quotidiennement la violence. 

Récemment les directions d'écoles expliquaient qu'au cours des derniers mois il y avait des manques alarmants de ressources pour maintenir le soutien adéquat des services pour les élèves en difficultés d'apprentissage et en difficultés d'adaptation. De plus, les intervenants en milieu scolaire se disaient débordés par l’épiphénomène de la violence. Par ailleurs, nous observons que les jeunes cherchent des moyens de s'en sortir pour en finir avec la violence dans leur milieu et dans leur vie quotidienne.

Ainsi, nous savons qu'au cours des dernières décennies plusieurs mesures et programmes ont été mis sur pied par le ministère de l’éducation du Québec et par des organisations sociales pour prévenir la violence, l’intimidation et la délinquance dans les écoles. Ces programmes proposent l’appropriation d’une série d’attitudes et de comportements respecteux de soi-même, des autres et les saines habitudes de vieDe plus, dans plusieurs écoles les conseils d’établissements ont adopté un code de conduite que les élèves et le personnel enseignant doivent respecter en tout temps.   

Toutes ces mesures aident à  prévenir la violence mais ne pourront jamais l'enrayer. En effet, les programmes de prévention à la violence ne visent pas nécessairement l’avancement d’une culture de la nonviolence ni l’appropriation d'un emplacement tactique nonviolent face à des événements de plus en plus incertains qui surviennent dans la vie quotidienne des jeunes et dans les milieux. En fait, les programmes de prévention à la violence sont basés sur le civisme et les comportements respecteux. Tandis que l’éducation à la nonviolence propose de front l’avancement d’une culture de la nonviolence et le rejet de toutes les formes de violence. Ici nous incluons la violence  institutionnelle, locale et globale. 

Alors qu'un programme de prévention à la violence est limité à l’action locale. Les programmes d’éducation à la nonviolence Active avancent en proposant des séries d'activités qui incluent les expériences personnelles et interpersonnelles des élèves. En plus, les programmes proposent d'agir localement et collectivement avec des élèves ailleurs dans le monde. En fait, les éducateurs qui oeuvrent à l'éducation à la nonviolence Active reconnaissent l’importance d'avancer dans une direction commune qui englobe l'étude des phénomènes et des facteurs qui génèrent de la violence.  Ils avancent avec toutes ces choses positives en proposant un emplacement tactique nonviolent et actif dans le monde. Ils avancent et reconnaissent l'importance de la convergence de la diversité des croyances, des idées et des réalités.

Implication sociale des éducateurs pour une éducation à la nonviolence Active

En 2013, les membres volontaires de l’organisation le Réseau international humaniste présentaient un mémoire lors des consultations publiques sur la violence à l'école. Les consultations publiques étaient menées par le ministère de l’éducation du Québec. Dans le mémoire, l'organisation proposait la planification de rencontres citoyennes et évoquant des questions de fond concernant la violence à l’école et dans la société:  

Comment envisage-t-on la société dans 5 ou 10 ans ? Est-ce possible d’enrayer la violence à l’école sans envisager d’enrayer la violence des institutions économiques, sociales et politiques ? Tandis que la violence se mondialise, est-ce possible d’enrayer la violence par des moyens répressifs, par la menace, par l'exercice du conflit, par l'usage de la manipulation, par l'usage de la force physique et de la guerre ? Quels moyens les citoyens et les institutions possèdent-ils pour s’engager et participer à l'avancement d'une culture de la nonviolence Active ? Est-ce que nos sociétés sont capables de dépasser le sentiment de vengeance, le ressentiment, la corruption et les manipulations de toutes sortes ? Comment peut-on se réconcilier avec tout ça ? Et si l’autre ne veut pas la réconciliation ? Qu’est-ce que l'on doit faire ?

L'individualisme et l’éducation 

Aujourd'hui que pouvons nous faire pour avancer vers une culture de la nonviolence Active? Peut-on mobiliser les jeunes dans ce changement ?  Contrairement à plusieurs spécialistes qui discutent entre eux dans les grands médias de la "terrible désaffection politique et sociale" des nouvelles générations, nous pensons que c'est tout le contraire. En fait, nous observons que les jeunes sont désintéressés par les façons de faire des anciennes générations. En effet, les jeunes savent que la situation générale va de pire en mal et qu'ils vivent dans un moment difficile. Tandis que, les faiseurs d'opinions nous expliquent de long et en large que nous ne pouvons rien ni faire parce que la situation actuelle présente certains manque au niveau des ressources matérielles ; parce qu'il y a un manque de ressources financières ; parce qu'il y a un manque de "conditions favorables" ; parce qu'il ni a pas cette conjoncture idéale ; parce qu'il n'y a pas le bon gouvernement, les bonnes institutions, etc. Finalement plusieurs personnes acceptent cette appréciation de la réalité et disent:" les jeunes doivent s’adapter même si les choses ne vont pas très bien sinon ils perdront des opportunités d’avancement". 

Dans un tel contexte, il est fréquent qu’un enseignant bien intentionné, n’informe pas des conséquences de la formation individualiste et compétitive. En fait, certains d’enseignants par souci de vouloir aider, préparent les élèves à un monde égoïsme et violent parce qu’ils considèrent que les jeunes ne pourront le changer. Ils croient qu’ils entrainent les élèves à faire les choses correctement. Mais leur manque de perspective humaniste et nonviolent les conduit à former des jeunes qui n’aspirent qu’à s’adapter au monde violent tel qu’ils le voient. Conséquemment ce regard sur les nouvelles générations porte atteinte à l’évolution des choses et favorise le statu quo voire l'involution des choses.  

D'autre part, nous savons que de plus en plus d'enseignants s'engagent pour le changement soutenant des projets pour l'avancement d'une culture de la nonviolence Active et pour l'humanisation des écoles. Nous savons que ces nouveaux projets pourront prendre plus d'ampleur et influencer toute la société vers son humanisation pour autant que les institutions soutiennent cette direction.

En fait, nous constatons qu'à la base des modèles pédagogiques - les fondements proviennent d'un autre moment et prépare les élèves à des apprentissages qui favorisent le développement d'une personnalité individualiste. De plus, ces modèles sont essentiellement fondés sur la croyance que l'action de l'intentionnalité de la conscience est passive sur le monde. Conséquemment, le regard que "forme" l'élève sur sa "réalité" et sur les possibilités de la transformer est teinté par cette supposée passivité de la conscience et la passivité de son action sur le monde.  Par exemple, tôt ou tard les jeunes ayant acquis ce type de regard et lorsqu'ils deviendront adultes ne sont pas en mesure de résoudre des problèmes d'une grande complexité impliquant un travail de mise commun et de collaboration.

La détresse psychologique des jeunes

Par ailleurs, dans une étude publiée par le gouvernement de l’Ontario en 2008, les chercheurs ont démontré comment la prédominance de certains facteurs génèrent de la violence chez les jeunes. Ils ont constaté que les facteurs envahissants tels que l’aliénation et le désespoir causent des dommages psychologiques profonds. Selon cet étude, l’exclusion qu'expérimente les jeunes vis-à-vis le regard des "pairs" et des adultes accentue la détresse psychologique. En fait, c'est l'accumulation des sentiments de dévalorisation et de dégradation qui réduit l'espoir des jeunes d’avancer dans la vie et vers le futur.  

Dans cet étude les chercheurs mettre l'emphase sur la liberté d’expression. Selon eux, malgré tous les moyens de communication disponibles dans la vie quotidienne des jeunes, ils ont de moins en moins d’opportunité de s’exprimer et de se faire entendre sur des questions qui les touchent de près. Par exemple, au Québec nous avons vu lors de la grève étudiante de 2012 cette fermeture de la part des institutions et du gouvernement à l'égard de l'expression politique et sociale des jeunes.  En fait, nous avons surtout compris à quel point le gouvernement méprisait la perspective des jeunes sur le devenir de l'éducation.  Aujourd’hui les choses n’ont guère changées.

Pour conclure notre article, nous reprenons quelques thèmes de l'étude mené par les chercheurs en Ontario. D'une part, l'étude fait état d’un constat alarmant- selon lequel la « société »  met trop l'emphase sur la réussite économique, la possession de biens et le vedettariat. Selon les chercheurs cette prédominance vers les prestiges et la possession de biens matériels est guère utile dans la vie quotidienne des jeunes qui cherchent davantage des références "solides" pour diriger leurs actions et donner un sens à leur vie. 

En fait la prédominance à la réussite apporte plutôt son lot de conséquences négatives tant au niveau économique que psychologique chez les jeunes. Nous savons qu'une majorité de jeunes recherchent unesonnance entre ce qu'ils ressentent à l'intérieur eux-mêmes et ce qu'ils font dans le monde et vise et versa. Ils souhaitent tisser ce sentiment d'appartenance à un projet qui les portera vers un futur plus ample, plus diversifié et humain. 

Dans un tel contexte, il nous semble urgent de proposer des programmes qui seront capables de générer des conditions pour favoriser le bien-être des jeunes et la croissance de la liberté d’expression. Il nous semble impératif que le ministère d’éducation se penche sur la possibilité d’inclure un programme intégral d’éducation à la nonviolence Active dans le curriculum des écoles primaire et secondaire du Québec.

Si nous voulons sortir les élèves et les enfants de la violence.. si nous voulons qu'ils cessent de jouer des rôles d'intimidateurs, de témoins et des victimes nous devons considérer autrement les rapports entre la communauté, le pouvoir politique et les institutions scolaires. Parce qu'ils détiennent un certain pouvoir sur l'éducation et sur le devenir des jeunes. Nous devons exiger que les jeunes puissent exercer leur liberté d'expression et d'action afin d'avancer vers une culture solidaire et nonviolente.
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Références : 

Photo crédit : Rafael Edward

Texte: Contrer l'intimidation et la violence - nonviolence Active
Anne Farrell, Henri Oscar Communication, 2016.  

« Review of the Roots of Youth »  - publiée par le gouvernement de l'Ontario, 2008. 

Bibliographies:

Défi nonviolent et Marche mondiale pour la paix et la nonviolence, Henri Oscar Communication, 2012. - Achat par payapal et cartes de crédit en cliquant sur le lien.

 
 

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