"Peu importe le clan dans lequel t'ont placé les événements, l'important c'est que tu comprennes que tu n'as choisi aucun clan"




Dans ce blogue nous allons aborder le thème des clans. Nous allons tenter de comprendre comment nous pouvons gagner en liberté individuelle lorsque nous faisons l'effort de mieux saisir et d'observer les situations dans lesquelles nous sommes placés. C'est-à-dire ces situations qui peuvent se présenter avec de fortes oppositions en rapport à d'autres personnes. Pour mieux comprendre les "situations et les clans" nous présentons le principe de négation des contraires :
"Peu importe le clan dans lequel t'ont placé les événements, l'important c'est que tu comprennes que tu n'as choisi aucun clan". (Silo, 2009, p.14)
Ce principe se réfère au libre arbitre, c'est-à-dire l'attitude qu'une personne peut choisir de prendre lorsqu'elle rencontre des situations avec d'autres qui sont placés dans des clans en opposition à son clan.  Nous savons que cette façon de présenter les choses soulève chez certaines personnes, cette idée qui plaide en faveur d'un déterminisme, parce qu'il démontre que les situations non-choisies dans lesquelles nous sommes placés agissent sur notre vie en limitant la liberté individuelle de choisir. Mais d'un autre côté, ce principe choque les personnes qui ont des représentations sociales, culturelles et religieuses bien définies - puisqu'il donne l'opportunité à celui/celle qui l'étudie attentivement de se déplacer du champs du déterminisme vers l'action individuelle et la liberté humaine.

Ici, il est important de souligner, qu'il n'est pas expliqué qu'il faille abandonner tout clan. Il est plutôt suggéré de considérer la position dans laquelle chacun se retrouve. En effet, notre position est le résultat de facteurs indépendants de notre propre choix. Ici nous parlons des facteurs reliés à l'éducation et à l'environnement dans lesquels les personnes se sont développées et ont évoluées

Par ailleurs, selon nous l'aspect le plus important de ce principe - de négation des contraires - se situe au niveau de la liberté d'action que ressent celui ou celle qui le pratique dans la vie quotidienne. En effet, puisque cette façon de considérer le problème des clans contribue à la liberté du mental. En fait, nous disons du même coup, qu'il tend une main fraternelle en direction des autres, et ce, même si leurs idées ne coïncident pas forcément avec les miennent, ou lorsque, apparemment que ceux-ci s'opposent à mes idées. Ainsi, cette attitude individuelle du libre arbitre fait reculer le fanatisme, en même temps que celle-ci permet de comprendre les clans et les positions que d'autres personnes assument et défendent.

Tout en reconnaissant le manque de liberté dans les situations que nous vivons, le principe, affirme la liberté de nier les oppositions si celles-ci font partie de ces mêmes situations. En d'autres termes : je n'ai pas décidé d'être grand ou d'être petit, d'avoir des yeux bleus ou bruns et si cette condition est accompagnée d'une opposition à l'égard de d'autres personnes qui n'ont pas non plus choisi leur clan, j'ai la liberté de nier cette opposition sans pour autant nier ma propre identité ou celles des autres. Je n'ai ni inventé les grands, ni les petits, ni les yeux bruns ou bleus mais je nie, de ce fait, toute opposition entre les personnes qui sont liées à cet état de fait.   

Mais qu'est-ce qu'un clan au juste? Ça peut-être ma nationalité, ma religion, mon origine ethnique, ma grandeur, etc. Alors qui pourrait argumenter qu'il a choisi sa grandeur ou encore son moment de naissance hormis les adeptes de la croyance de la réincarnation? Par exemple, il existe peu de personnes qui soutiennent qu'ils ont choisi leur nationalité, cependant ils sont nombreux à dire : je suis fier d'être canadien ou québécois, etc. Ainsi il n'y a rien de mal à cette affirmation sauf si celle-ci implique la démonstration d'une supériorité ou d'un mépris envers d'autres nationalités. Comme par exemple, je pourrais décider d'exclure certains groupes de personnes parce qu'elles sont différentes ou parce qu'elles adhérent à une religion différente à la mienne

Voyons un ancien enseignement à propos ce principe

Les ennemis de Jésus décidèrent de le mettre en difficulté en lui présentant deux possibilités, de sorte qu'en choisissant l'une il se trouverait en mauvaise position vis-à-vis de l'autre. Ils s'approchèrent de lui et lui dirent: "Maître, nous savons que tu aimes la vérité, que tu enseignes le chemin de Dieu avec vérité et que tu ne t'inclines en faveur de personne car tu n'as pas de préférence parmi les hommes. Dis-nous donc ce qu'il te semble : est-ce licite de donner un tribut à César ou doit-on donner ce tribut pour le culte religieux ? " Mais Jésus ayant compris leur malice, leur dit : "Pourquoi me tentez-vous, hypocrites ? Montrez-moi donc la monnaie du tribut" Et ils lui présentèrent un denier ; alors, il leur dit : "De qui est cette figure? "  "De César" répondirent-ils". Il leur dit alors : "Payez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu". En entendant ces mots, ses ennemis furent confondus et, laissant Jésus, ils s'en allèrent.

 

Est-ce possible de ne pas faire partie d'un clan?

Nous faisons partie de plusieurs clans que nous pensons avoir choisis Non seulement nous n'avons pas choisi nos clans mais il en va de même pour nos opinions. Ainsi la prochaine fois que vous aurez une discussion avec quelqu'un concernant votre clan (nationalité, religion, parti politique, groupe ethnique, etc.) arrêtez-vous un moment et demandez-vous : Est-ce réellement mon opinion? Est-ce réellement moi qui est inventé cette opinion? Ou s'agit-il d'une opinion provenant de mon milieu ou de mon éducation que j'ai adopté comme la mienne parce que cela m'a plu?

Aujourd'hui, il est fréquent que des personnes soient fortement identifiées à un clan. Ce clan peut-être  le travail, la nationalité, la religion, un groupe ethnique, une vision économique ou encore un parti politique. Par ailleurs, ces personnes vivent de fortes sensations lorsque la situation de leur clan se fragmente ou se déforme et qu'elles perdent certains avantages. Après un certain temps ces personnes vivent la peur de perdre le contrôle. Conséquent, parce qu'elles observent cette possibilité de perte imminente, il est possible qu'elles cherchent des coupables et pointent le doigt vers d'autres personnes qui sont différentes de leur clan, mais impliquées dans certaines situations de leur réalité sociale, religieuse, économique ou politique. En fait, nous observons que certaines personnes d'un clan qui vivent ces sensations de perte imminente et bien qu'elles refusent de considérer sérieusement cette perte comme un échec - après un certain temps- elles peuvent développer une dépendance psychologique à la peur de perdre le contrôle d'une situation. Ainsi, nous disons que c'est la dépendance psychologique de peur de perdre qui bloque la raison et qui appelle au mode d'action irrationnel. Ici quand nous abordons le thème de la raison nous faisons référence à la capacité critique et d'autocritique d'une personne (la réversibilité de la conscience). Nous disons que c'est à ce moment qu'une personne, un groupe de personnes voir même un peuple, peut - peuvent glisser vers le fanatisme, le fondamentaliste et la guerre civile.

Il peut arriver qu'un clan dénonce les propos haineux d'un autre clan. Évidemment, il est important de dénoncer tous propos haineux de m'importe quel clan. Mais il ne suffit pas de dire aux gens de ne pas être fanatiques ou de ne pas haïr les personnes qui sont différentes. Il faut proposer à ceux et celles qui considèrent sérieusement l'échec de leur situation, et qui veulent se sortir de la peur et de la haîne d'aller à la racine de ce problème - et d'observer les causes culturelles, sociales et individuelles de leurs situations.

Il nous semble que c'est seulement lorsqu'un individu reconnait l'échec d'une position ou d'une situation que la peur et la violence peut diminuer à l'intérieur de lui et autour de lui. Une fois que la peur est disparue cet individu sera en mesure de ressentir une certaine détente intérieure et pourra afin sérieusement considérer la position des autres clans.

En règle générale, nos opinions et nos idées proviennent de notre milieu et se transmettent comme des habitudes culturelles. Mais est-il possible de faire un choix librement? Certainement, par conséquent mon choix sera véritablement libre lorsque je comprendrai ma position, mon clan et mes idées et leurs liens à mes projets les plus profonds.

Finalement, nous sommes libres de faire un choix lorsque nous pouvons laisser de côté certaines options qui se présentent devant nous - et lorsque ce choix ne génère aucune peur intérieure. Ainsi, ici, nous parlons d'une identité intentionnelle qui dépasse l'identité mécanique

Dans notre prochain blogue nous traiterons de l'identité culturelle et de l'identité intentionnelle versus l'intentité mécanique. Nous allons voir comment les comportements culturels peuvent amener un peuple à l'évolution ou l'involution.
  

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Notes:

Crédit photos: Rafa Edwards

Silo, Lettres à mes amis, Éditions références, Paris, 250 p. 1994.
Silo, Humaniser la Terre, Éditions références, Paris, 190 p. 1994.

Vocabulaire tiré de l'ouvrage de Luis Amman, Autolibération, Collection Nouvel Humanisme, Éditions références, Paris, 320 p.2004.

Intentionnalité : mécanime fondamental de la conscience, au moyen duquel elle maintient sa structuralité, en liant les actes aux objets. Cette liaison n'est pas permanente et c'est ce qui permet la dymanique de la conscience, étant donn que les actes sont à la recherche d'objets. Cette intentionnalité, toujours lancée vers le futur, est enregistrée comme une tension de recherche, même lorsqu'elle travaille en revenant sur les événements passés. 

Réversibilité de la conscience : mécanisme fondamental de la conscience. Faculté de la conscience pour se diriger, au moyen de l'attention, vers ses sources d'information. Dans le cas des sens, nous avons l'aperception et dans le cas de la mémoire l'évocation. L'aperception dans l'évocation peut aussi exister. Son fonctionnement est directement lié au niveau de travail de la conscience. De sorte que lorsque monte, la capacité de travail de la conscience augmente et vice-versa. Il existe cependant des phénomènes de blocage dans la réversibilité, ou bien une fragmentation de celle-ci, même en pleine veille.

Peur et possession : La peur est liée au souvenir, à la sensation et à l'imagination, Mais toute cette structure est, à son tour, en rapport avec la possession de soi, des objets et des autres personnes. Ainsi on souffre aussi par ce que l'on n'a pas, par peur de perdre quelque chose que l'on possède, ou par peur de ne pas atteindre ce que l'on désire. Cette souffrance est enracinée dans la possession. Ainsi nous disons que le registre de la possession est en rapport avec la tension (physique), qui en est l'indicateur. 

Tensions:  Les tensions peuvent être physiques et psychiques. Du point de vue psychologique, les tensions psychiques sont liées à des expectatives excessives qui amènent le psychisme èa une recherche, à l'attente de quelque chose, avec un tréfonds de possession ; les distensions se produisent lorsqu'il y a dépossession psychologique ou don (accompagnés de registre de lâcher). Il est intéressant de préciser le registre des tensions, plutôt que d'en rechercher les causes. 

Registre : Expérience de la sensation produite par des stimulio détectés par les sens internes ou externes, y compris le souvenir et l'imagination.
 

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