Espace de représentation et l'environnement virtuel 
L'utilisateur perçoit des images « dites extériorisées », donc la perspective demeure son propre regard

(Photos wikipédia:La réalité augmentée est aussi utilisée pour l'aide aux déplacements au sol)

Dans les blogues précédents nous avons traité de la spatialité de la représentation et la psychologie de l'image. Ces concepts sont présentés dans l'ouvrage Notes de psychologie. Dans ce blogue nous allons davantage explorer la théorie de l'espace de représentation. Afin mieux saisir les concepts de la théorie nous allons les présenter en parallèle à l'expérience d'un utilisateur qui interagit avec les fonctionnalités de l'environnement virtuel. Mais avant de traiter les expériences de l'utilisateur, nous allons revoir certaines idées qui se rapportent à la spatialité de l'image, la conception du "moi" et de la conscience.

Dans ces travaux, Silo reprend certaines idées développées par Husserl sur l'image, et considère la spatialité de la représentation comme une structure dont les contenus ne peuvent être indépendants.

Mais j'ai découvert quelques impossibilités. Par exemple, je ne peux pas imaginer ces objets sans coloration, au-delà de la « transparence », puisque celle-ci marquera précisément des contours ou des différences de couleur ou peut-être des « nuances» différentes. Il est évident que je suis en train de constater que l'extension et la couleur ne sont pas des contenus indépendants et, c'est pourquoi je ne peux pas non plus imaginer une couleur sans extension. C'est précisément ce qui me fait réfléchir: si je ne peux pas représenter la couleur sans extension, l'extension de la représentation indique alors également la « spatialité» dans laquelle s'emplace l'objet représenté. C'est cette spatialité qui nous intéresse. (1995, p. 8)

En effet, c'est à partir de ces réflexions que l'auteur développe une nouvelle la théorie, qu'il nomme l'espace de représentation. Dans cette théorie, il souligne que tout objet perçu possède une couleur et une étendue et que ces deux catégories, inséparables, forment une structure. D'autre part, Silo oriente ses travaux vers des thèmes qui sont plutôt proches à une psychologie phénoménologique qu'à une philosophie phénoménologique. Conséquemment, il abandonne l'époché propre à la méthode husserlienne.

{ ... } bien qu'à plusieurs reprises nous abandonnions l'époché propre à la méthode de Husserl, nous n'en ignorons pas pour autant l'irrégularité que cela représente et nous ferons de telles transgressions dans le but de rendre plus accessible l'explication de nos points de vue. (1995, p. 4)

En outre, c'est par ce contexte que parfois la conscience s'identifie avec le « moi ». En effet, l'identification se réalise à mesure que les sensations du corps s'additionnent et qu'elles modifient le champ de la mémoire. Par conséquent, cette fausse identification provient d'un registre ou d'une sorte d'illusion. Silo emploie le registre dans son modèle. Il désigne le registre comme l'expérience de la sensation accompagnée du souvenir ou d'un élément imaginé. Par ailleurs, lorsque l'auteur parle du «moi», il explique que celui-ci est limité par les données et par la sensation du corps, spécialement par celle du toucher externe. Il définit « le moi» comme le mécanisme qui observe les actes de la conscience. 

Comme nous l'avons vu précédemment dans nos articles, la conscience ne peut être étudiée en tant que phénomène naturel puisqu'il est totalement étranger aux sciences dites naturelles. Comme l'avait bien compris Jean Paul Sartre, « les progrès de la psychologie et des sciences ne rendront jamais compte du fait que je suis une conscience qui perçoit, je suis une conscience qui se souvient, je suis une conscience qui imagine, qui se projette dans le futur »(l'esquisse d'une théorie des émotions).

Nous appelons « moi» ce qui observe les mécanismes et opérations qui se développent dans la conscience; en état de veille. Cette observation s'effectue comme à partir de l'intérieur, alors que dans le sommeil, on observe comme à partir de l'extérieur. Il n'y a pas de moi sans sensations, sans images et sans souvenirs. Quand le moi se perçoit lui-même, il travaille aussi en utilisant ces voies, qu'elles soient véritables ou illusoires. (Silo, 2006).


(Wikipédia: Philippe Pierre imayana place de la bourse)

Espace de représentation

Dans ses travaux, Silo définit l'espace de représentation comme une forme d'espace mental qui correspond au registre visuel interne des sensations du corps permettant la connexion entre les productions (les images internes) de la conscience et le corps lui-même. L'auteur explique que l'espace de représentation est tel, non pas parce qu'il est un contenant vide qui doit être rempli des phénomènes de conscience, mais plutôt parce que sa nature est «représentation» et que, lorsque des images précises surviennent, la conscience ne peut que les représenter sous forme d'extension. Selon cette théorie, l'image est la façon active de placer l'intentionnalité de la conscience dans le monde.

Dans la « Psychologie de l'Image» est exposée une nouvelle théorie sur ce que l'auteur appelle «espace de représentation », espace qui est une façon de placer la conscience dans le monde et sans lequel il serait impossible de comprendre comment l'intentionnalité de la conscience se dirige vers les dénommés « monde extérieur» et «monde intérieur». (1995, p. 3)



(Photo credit: wikipédia)

L'acte de représentation

Maintenant nous allons présenter un exemple de l'acte de représentation et y décrire quelques unes de ses opérations. Admettons que je suis assise devant mon écran et que j'écris une phase. Mes doigts bougent et frappent les touches à des endroits précis sur le clavier. Les mouvements de mes doigts sont synchronisés à ma pensée et à ma parole et, conséquemment, des caractères graphiques s'inscrivent à l'écran. Si je ferme les yeux et que je représente les caractères graphiques à l'écran, je constate que cette image continue à être externe, même si je comprends qu'elle dépend de mes opérations. L'écran m'est représenté dans un espace semblable à celui de la perception, mais je comprends que ce n'est évidemment pas le même. Maintenant, j'ouvre les yeux, je me lève et je fais quelques pas dans la pièce, je reviens m'asseoir. Je reprends l'exercice et referme mes yeux en me rappelant l'écran. Mais cette fois, je place l'image de l'écran d'un autre point de vue: je le place à l'arrière de moi. Dès lors, si je veux observer l'image telle qu'elle se présentait auparavant à ma perception, je dois la mettre dans la position « devant les yeux», donc soit je retourne mentalement mon corps soit je fais un mouvement de traduction de «l'espace extérieur », jusqu'à placer l'image de l'écran devant moi.

Alors que j'ai toujours les yeux fermés, je place l'image de l'écran devant mes yeux. Ainsi, ai-je dû produire une dislocation de l'espace puisque si j'ouvre mes yeux, c'est une porte que je vois devant moi. C'est avec un exemple similaire que Silo aboutit à l'évidence que l'emplacement d'un objet dans la représentation se situe à l'intérieur d'un espace qui ne peut coïncider avec l'espace d'origine de la perception. Autrement dit, une représentation occupe une certaine position dans l'espace de représentation. Sartre (1938) a présenté un constat similaire dans ses travaux, mais il n'a pas expliqué spécifiquement la structure qui lie la perception et l'image. D'autre part, nous pourrions continuer ce jeu, à l'aide soit de représentations extérieures qui ont les bases des cinq sens classiques, soit de représentations internes qui proviennent de la cénesthésie et de la kinesthésie.

Conséquemment, on ressentira toujours une sensation de spatialisation localisée quelque part dans le corps lorsque nous rappelons nos expériences. En outre, nous supposons que les perceptions de l'utilisateur correspondent à des images en dehors de la sensation cénesthésico-tactile de sa tête, mais à l'intérieur du quelle la limite demeure son regard. 

(wikipédia photo :L'ensemble de Mandelbrot, après un zoom  de 281748 fois.)

Le déplacement de l'acte de représentation

Afin de mieux saisir le déplacement de l'acte de représentation voyons un peu comment s'opère le déplacement de l'acte dans la champ de l'attention. Admettons que je suis assise devant mon clavier. Si je ferme les yeux, je peux allonger mes doigts et localiser le clavier avec une exactitude approximative en suivant l'image intérieure que j'ai de celui-ci. Dans ce cas, l'image agit comme une image traceuse de mes mouvements. Par contre, si je place l'image sur le côté droit de l'espace de représentation, mes doigts suivent le tracé vers la droite. Évidemment, ils ne coïncident pas avec l'emplacement du clavier extérieur à moi. Si, par la suite, j'intériorise l'image du clavier vers le centre de ma tête, en plaçant l'image « à l'intérieur de ma tête », alors le mouvement de mes doigts a tendance à s'inhiber. Inversement, si j'extériorise l'image à quelques centimètres devant moi, alors j'expérimente une distance face au clavier. Ainsi, non seulement mes doigts ont-ils tendance à avancer à suivre l'image et éventuellement ils touchent l'écran.

Quand nous disons que l'espace de représentation présente différents niveaux et différentes profondeurs: sommes-nous en train de parler d'un espace volumétrique tridimensionnel ou du fait que la structure percepto-représentative de ma cénesthésie se présente à moi sous une forme volumétrique? Il s'agit, bien évidemment, du second et c'est grâce à cela que les représentations peuvent apparaître en haut ou en bas, à droite ou à gauche et devant ou derrière, et que le « regard» peut également se placer, par rapport à l'image, dans une perspective délimitée. (Silo, 1995, p. 12)

Silo constate que, au fur et à mesure qu'un individu descend de niveau de conscience, l'espace de représentation augmente en dimension et qu'il devient alors plus « volumétrique ». Il en est ainsi parce qu'à mesure que l'on descend de niveau, le registre des sens externes diminue alors que le registre cénesthésique interne augmente. Silo souligne l'existence de trois niveaux de conscience, le sommeil, le semi-sommeil et la veille. Évidemment, les utilisateurs agissent à partir du niveau de la veille alors qu'ils interagissent dans l'environnement virtuel.

Bien entendu, l'espace de représentation agit en pleine veille, mais cet espace, au lieu de prendre du volume, s'aplatit en marquant les différences entre la représentation des phénomènes internes et externes. (2006, p. 94)

Ainsi, en accord avec l'idée d'intentionnalité, il est évident qu'il n'y a de conscience que s'il y a quelque chose. Par conséquent, ce «quelque chose» ne peut échapper à la spatialisation présente dans l'acte de représentation. Toutefois, le fait de représenter un objet engage un acte de conscience correspondant à la spatialité de cet objet, c'est-à-dire que l'acte de représenter en tant qu'acte de conscience se réfère à un objet représenté comme une structure. Ainsi, l'acte et l'objet ne peuvent être séparés dans l'étude du phénomène et conséquemment on ne peut isoler l'intentionnalité de la conscience d'elle-même. L'acte et l'objet sont une même structure, c'est-à-dire que l'acte-objet est propre à l'intentionnalité de la conscience. Pour expliquer ce point, reprenons l'exemple que nous avons précédemment illustré: mes doigts peuvent s'orienter correctement sur le clavier parce qu'il existe une position spatiale précise associée à des registres kinesthésiques pour chacun de mes doigts, sans laquelle l'association entre mes doigts, ma pensée et ma parole ne pourrait être possible. Or, toute conscience est consciente de« quelque chose» -et ce quelque chose doit présenter une spatialité.

Mais il est, en plus, intéressant de constater comment la pensée en paroles a pu se traduire en mouvement des doigts associés aux positions des touches. Cette «traduction» est par trop fréquente et donne lieu à donner un exemple: il suffit de fermer les yeux et d'écouter les différentes sources sonores pour constater comment les globes oculaires ont tendance à se déplacer dans la direction de la perception acoustique. (Silo, 1995, p. 13)

Comme nous l'avons décrit précédemment, l'acte de représentation est mobile, c'est-à-dire qu'il se déplace dans le champ de l'attention alors que celle-ci est dirigée par la conscience.

Or nous supposons qu'un uti1isateur qui est expérimenté dans les déplacements dans l'environnement virtuel doit maintenir son attention sur le mouvement de la vue, qui reçoit le stimuli et maintenir simultanéiment l'acte de représentation. Or, il doit exister un mécanisme de conscience qui permet à l'utilisateur de déplacer son attention sur les sens en mouvement tout en maintenant l'acte de représentation dans le champ de perception et de représentation (champ de présence). L'auteur nomme ce mécanisme: la réversibilité de la conscience.

(photo crédit wikipédia : Emmanuel Kant « L'art ne veut pas la représentation d'une belle chose mais la belle représentation d'une chose. » - jugement et interprétation)

L'attention et l'acte d'aperception

L'approche psychologique et phénoménologique proposé par Silo apporte des nouvelles idées sur le travail de l'attention. Selon l'auteur, la conscience possède une aptitude d'observation qui est l'attention. Les opérations de l'attention permettent à la conscience d'observer à la fois les phénomènes internes et externes; ce mécanisme est appelé la réversibilité de la conscience. Ainsi, entendre un bruit sans participation de mon intention diffère du fait d'être à la recherche d'un bruit spécifique. Silo définit l'acte d'aperception comme la faculté de la conscience de se diriger, au moyen de l'attention, vers ses sources d'informations sensorielles.

En règle générale, le terme « aperception» créé par Leibniz (1764) fait référence à un réel plus réfléchi que la perception: « l'homme identifie le bruit de la vague en passant par la perception de bruits infiniment nombreux et infiniment petits des vaguelettes, des gouttes qui la composent, pour ensuite avoir conscience de ce qu'il entend dans l'ensemble» (Wikipedia.org le 7 juin 2008). L'aperception selon Leidniz est définie comme plus intime et plus immédiate que la perception. Par ailleurs, la définition de Silo nous permet de comprendre pourquoi l'acte d'aperception donne l'impression d'intimité à l'utilisateur alors qu'il interagit avec d'autres utilisateur dans l'environnement virtuel.

 
(Photo crédit: wikipédia le tétraèdre de Sierpinski une version tridimensionnelle du tapis de Sierpinski)

Le champ de présence et les champs de co-présence

Selon Silo, il existe deux champs de l'attention, le champ de présence et le champ de coprésence. Le champ de présence inclut la perception et la représentation. Ainsi lorsque l'utilisateur interagit avec les fonctionnalités interactives de l'environnement virtuel, il prend une attitude d'aperception accompagnée de l'acte de représentation dans le champ de présence. Or, rappelons que le champ de présence est toujours situé dans l'espace de représentation et qu'il se déplace selon l'intentionnalité de la conscience. Silo désigne deux champs de l'attention: les champs de présence et de coprésence.

Ces champs attentionnels opèrent différemment d'un niveau de conscience à un autre et dépendamment des mécanismes de conscience qui sont mobilisés. (Silo, 2006, p22)

Le champ de co-présence inclut tous les objets non présents, mais qui sont rattachés à l'objet perçu. D'autre part, toute représentation qui est placée dans le champ de présence de la conscience suscite des chaînes associatives entre l'objet et sa co-présence. Ainsi la définition de la co-présence proposée par Silo est tout à fait géniale. En effet, il propose de définir la co-présence comme la rétention actualisée et superposée à la perception. II constate que c'est grâce à la co-présence que la conscience infère plus que ce qu'elle perçoit. En effet, souvent nous essayons d'accommoder une nouvelle perception avec des interprétations de « comme si », c'est-à-dire comme si cet objet était plus ou moins similaire à cet autre objet que nous connaissons. Ainsi le champ de co-présence n'est pas strictement lié à l'objet central dans la perception.

Quand l'attention travaille, il y a des objets qui apparaissent comme centraux et des co présences attentionnelles qui existent autant pour les objets externes que pour les objets internes. Quand on porte attention à un objet, c'est son aspect manifeste qui est présent et ce qui est non manifeste s'opère de manière co-présente. «On prend en compte» cette partie, même si on n'y porte pas attention. (2006, p. 18)

Nous insistons sur la portée théorique de l'espace de représentation puisque cette façon de placer la conscience dans le monde nous permet de comprendre comment l'intentionnalité de la conscience se dirige vers les dénommés milieu interne et milieu externe - conséquemment dans le monde virtuel.

D'un autre côté, il se pourrait que si la psychologie post-husserlienne n'a pas pris en considération le problème que nous désignons comme celui de «l'espace de représentation », certaines de ses thèses doivent être révisées. Il serait en tout cas injuste de nous attribuer une rechute naïve dans le monde du« psychique naturel ». (1995, p. 2)

D'autre part, il est dommage de constater que peu de chercheurs se sont penchés sur la phénoménologie de l'espace explorée par Husserl.


(Photo crédit wikipédia : Une version tridimensionnelle de l'ensemble de Cantor)

Champs de l'attention et le mécanisme de réversibilité de la conscience

Nous savons que les opérations de l'attention permettent à la conscience d'observer à la fois les phénomènes internes et externes. Nous avons vu que grâce au mécanisme de réversibilité, la conscience peut intentionnellement diriger un sens ou un ensemble de sens. Par exemple, si l'utilisateur veut préciser le registre qu'il ressent alors qu'il interagit avec les fonctionnalités interactives de l'environnement virtuel, il doit changer sa conduite et adopter une attitude d'aperception, c'est-à-dire qu'il doit déplacer son attention sur le mouvement de la vue qui reçoit la stimulation. Conséquemment, les seuils et les franges des autres sens se rétrécissent ainsi l'utilisateur a l'impression de se rapprocher de la stimulation. 

Les mécanismes de la conscience et l'objet de la conscience sont accompagnés par les champs attentionnels. Comme nous l'avons présenté précédemment, il existe deux champs attentionnels : le champ de présence et celui de co-présence. Le concept des plus innovateurs proposés dans l'approche psychologique et phénoménologique est bien sûre la co-présence - définit comme la rétention actualisée et superposée à la perception.

La mémoire et le mécanisme d'évocation

La mémoire est la fonction du psychisme humain qui régularise le temps, l'accumulation des registres et des sensations. Luis Amman, psychologue Argentin, ayant travaillé avec Silo explique l'existence de certaines lois de l'enregistrement de la donnée:

(... ) On enregistre mieux suivant: a) la force de la stimulation; b) l'entrée simultanée de la donnée par différents sens; c) lorsqu'une même donnée sur un phénomène est présentée de différentes manières; d) par répétition; e) en contexte; f) par un net manque de contexte; g) par absence de bruit de fond ou par une meilleure fluidité du signal; h) en l'absence de stimulation, la première stimulation qui apparaît s'enregistre fortement; i) si la mémoire n'est pas en train de fournir de l'information à la conscience (l'acte d'évocation); j) lorsqu'il n'y a pas saturation par répétition ou blocage; k) la conscience prête attention à la donnée (l'acte aperception). (2004, p.292)

Les caractéristiques de l'enregistrement sont d'une importance capitale pour l'acquisition de connaissances de même que pour le perfectionnement de nouvelles conduites dans l'environnement virtuel. En effet, il s'avère que l'on mémorise et l'on évoque mieux à partir d'émotions aimables et agréables. Conséquemment ces émotions sont déterminantes dans les tâches d'apprentissage, dans lesquelles les données sont mises en relation avec le contexte émotif de situation.

Conclusion

Finalement nous supposons que pour Sartre et Silo, l'émotion et l'imagination sont des types de consciences organisées de manière particulière qui permettent à l'individu d'entrer en relation avec le monde. Par ailleurs, nous comprenons mieux la position que certains chercheurs ont défendue alors qu'ils ont cru que l'espace n'était valable que pour la réalité extérieure.

En fait, de ce point de vue, ils n'ont pas pu concevoir la possibilité que l'image interne ait une spatialité et un emplacement dans un espace interne de représentation.

Notre recherche exploratoire de la théorie de l'espace de représentation nous a permis de répondre à une partie de notre problème concernant la perspective d'un utilisateur qui interagit avec les fonctionnalités de l'environnement virtuel.  

Conséqumment, nous avons vu que l'utilisateur perçoit des images « dites extériorisées », donc la perspective demeure son propre regard.


Par ailleurs, une questions demeure, c'est-à-dire comment l'utilisateur peut-il évoquer un état (une conduite) alors que son attention est déjà sollicitée par le travail de l'acte d'aperception et de l'acte de la représentation dans le champ de présence (le travail de réversibilité de la conscience) ? Dans notre prochain blogue nous allons étudier cette question et présenter comment l'état de présence qui permet à l'utilisateur évoquer certains automanismes à certains seuils (reconnaissances rapides) alors que son attention est déjà sollicitée.

Notes et références :

Monde interne et monde externe
Lorsque nous parlons de « monde », nous faisons autant référence au dénommé «monde interne» qu'au dénommé « monde externe ». Il est également clair que cette dichotomie est acceptée parce que dans cet exposé, nous nous plaçons dans la position ingénue ou habituelle. Il nous semble utile de rappeler ce qui a été dit dans le chapitre 1, paragraphe à propos de la rechute ingénue dans le monde du « psychique naturel». (1995, p. 6) .


La perception
La perception est « le registre de la donnée sensorielle», c'est la donnée qui arrive au niveau d'un sens et qui est enregistrée comme une variation du tonus des propriétés latentes du tissu nerveux du sens. La perception est configurée et structurée par la conscience et se réfère à un ou plusieurs sens.

Quant à la perception, diverses définitions en ont été données, telle que: « Acte de se rendre compte des objets externes, de leurs qualités ou de leurs relations, perception qui, à la différence de la mémoire ou d'autres processus mentaux, s'oriente directement vers des processus sensoriels». Pour notre part, nous comprendrons par perception, une structuration de sensations faite par la conscience, se référant à un sens ou à plusieurs sens, c'est le registre de la donnée sensorielle. (1995, p.5)

La sensation
Il est propre à la physiologie, et non à la psychologie, de définir la sensation en termes de processus nerveux afférents qui partent d'un récepteur et se transmettent au système nerveux central, ou des choses de ce genre. Par conséquent, cela ne sert pas notre objectif. (1995, p. 5)

Nous disons que la sensation est l'atome théorique de la perception. II n'y a rien qui ne puisse exister pour la conscience, si cela n'a pas été détecté par les sens. En règle générale, lorsqu'il est question de sensation, la physiologie en parle en termes de « récepteur» relié au système nerveux. Toutefois, selon Silo, l'étude de la sensation doit aller plus loin: il existe des sensations qui accompagnent les actes comme l'acte de penser, de se rappeler, d'aperception, etc. Cette distinction amène Silo à la conclusion
suivante:
{... } la sensation apparaît comme une structuration que la conscience effectue dans son travail synthétique, mais elle est analysée arbitrairement pour décrire sa source d'origine, c'est-à-dire pour décrire le sens d'où part son impulsion. ([995, p. 5)

Ainsi, ne ressent-on pas l'acte de penser sous une même forme ou de la même manière qu'un objet externe. Sans les sensations, ni l'imagination ni même la mémoire ne pourraient exister. Il ne pourrait exister ni douleurs ni plaisirs. Il est nécessaire que la structure « conscience sensation» puisse sentir l'imagination et la mémoire, et se rapprocher de ce qui est agréable ou s'éloigner de ce qui est douloureux. Si nous ressentons le travail de l'imagination, c'est parce qu'elle a atteint ce point qui nous permet de sentir cette sensation.

Le registre
Le registre est l'expérience de la sensation. Il est produit par les stimuli détectés grâce aux sens internes ou externes, et est accompagné d'un souvenir ou d'un élément imaginaire.

Le registre, «signifie l'expérience vécue que l'on a d'un phénomène, c'est-à-dire la manière dont la conscience l'enregistre, « l'impression» du phénomène dans la conscience» (1999, p. 33).

Par exemple, si je fais quelque chose, et que quelques heures plus tard, je me rappelle l'action que j'ai réalisée, j'évoque alors le souvenir et le registre de cette action.

La distinction entre le registre et la sensation
La distinction entre la sensation et le registre, que Silo entreprend est un travail de réduction~ des éléments fondamentaux et souligne que les sensations peuvent être représentées par l'image ou par la donnée mnésique. Or, les sensations qui arrivent de la mémoire et de l'imagination sont appelées des registres, c'est-à-dire que le registre nous donne la sensation de ce qui a été enregistré par la mémoire, ou imaginé par l'imagination. Dans le cadre de notre étude, nous pensons qu'il est plus juste de qualifier la sensation immersion comme le registre d'immersion, puisque l'immersion est une sensation mémorisée dans l'inertie du sens de la vue. En somme, c'est le sens de la vue qui est le plus sollicité dans l'expérience virtuelle. Dès lors, nous supposons que les sensations que ressent l'utilisateur alors qu'il est en présence de « l'autre» dans l'environnement ne sont pas que de simples « sensations ». En effet, nous suggérons qu'il s'agit de registres, c'est-à-dire de sensations qui ont été mémorisées ou imaginées.

La représentation
Le champ de présence de l'utilisateur est constitué de la perception et de la représentation. Par ailleurs, la représentation est définie comme un phénomène de la mémoire touchant essentiellement le champ de présence. Néanmoins, elle diffère d'une part, de la donnée de mémoire qui peut agir dans la co-présence de façon subliminale et d'autre part, de la donnée de la perception.

Les sens
Les sens ont pour fonction de recevoir et de fournir des données à la conscience et à la mémoire, étant organisés de différentes manières selon les nécessités et les tendances du psychisme. (2006, p. 12)


Tous les sens produisent des registres et des sensations. Les sens externes sont la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût et le toucher tandis que les sens internes sont la cénesthésie, la douleur, la température, la tension musculaire et la kinesthésie -liée à la position et aux mouvements du corps. Les sens internes permettent, par ailleurs, d'enregistrer le travail des émotions, des opérations intellectuelles et de la mémoire. Chaque sens a une mémoire et des fonctions élémentaires qui sont situées dans l'inertie de travail du sens. Nous constatons que le fait que les sens possèdent leur propre mémoire permet de maintenir la perception dans l'inertie, bien que la stimulation ait cessé.  


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Ouvrages:


Silo, Notes de Psychologie, éditions références, Paris, 2006. Dans Psychologie IV, on étudie sommairement le dédoublement des impulsions ; on étudie ensuite les différences entre la conscience, l'attention et le "moi". Cette psychologie, qui a commencé par l'analyse des impulsions les plus élémentaires, s'achève ainsi dans la synthèse des structures de conscience les plus complexes - dont la théorie de l'espace de représentation. 

Pour achat enligne : www.educationnonviolence.ca





Farrell, Anne. 2008. Étude du registre d'immersion et de l'État de présence interne chez les jeunes entre 11 et 15 ans qui socialisent dans les espaces virtuels. Université du Québec à Montréal, 136 p. (Plusieurs informations de l'article sont directement tirées de cet ouvrage)


Sartre, Jean-Paul. 1938. Esquisse d'une théorie des émotions, Paris: Le livre de poche, références, (ouvrage publié la première fois en 1938 dans la collection Actualités Scientifiques Industrielles), p 123.

Sartre Jean-Paul. 1989. L'imagination, édition corrigée avec un index par Arlette ElkaïmSartre, Paris: Presses uni vcrsitaire de France, 164 p.

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