Espace de représentation et l'environnement
virtuel
L'utilisateur perçoit des images « dites
extériorisées », donc la perspective demeure son propre regard
(Photos wikipédia:La réalité augmentée est aussi utilisée pour l'aide aux déplacements au sol)
Dans les blogues précédents nous avons traité de la spatialité de la représentation et la psychologie de l'image. Ces concepts sont présentés dans l'ouvrage Notes de psychologie.
Dans ce blogue nous allons davantage explorer la théorie de l'espace de
représentation. Afin mieux saisir les concepts de la théorie nous allons les présenter en parallèle à l'expérience d'un utilisateur qui interagit avec les fonctionnalités de l'environnement virtuel. Mais avant de traiter les expériences de l'utilisateur, nous allons revoir certaines idées qui se rapportent à la spatialité de l'image, la conception du "moi" et de la conscience.
Dans ces travaux, Silo reprend certaines idées
développées par Husserl sur l'image, et considère la spatialité
de la représentation comme une structure dont les contenus ne
peuvent être indépendants.
Mais j'ai découvert
quelques impossibilités. Par exemple, je ne peux pas imaginer ces
objets sans coloration, au-delà de la « transparence », puisque
celle-ci marquera précisément des contours ou des différences de
couleur ou peut-être des « nuances» différentes. Il est évident
que je suis en train de constater que l'extension et la couleur ne
sont pas des contenus indépendants et, c'est pourquoi je ne peux pas
non plus imaginer une couleur sans extension. C'est précisément ce
qui me fait réfléchir: si je ne peux pas représenter la couleur
sans extension, l'extension de la représentation indique alors
également la « spatialité» dans laquelle s'emplace l'objet
représenté. C'est cette spatialité qui nous intéresse. (1995, p.
8)
En effet, c'est à partir de ces réflexions que l'auteur développe une nouvelle la théorie, qu'il nomme l'espace de représentation. Dans cette théorie, il
souligne que tout objet perçu possède une couleur et une étendue
et que ces deux catégories, inséparables, forment une structure.
D'autre part, Silo oriente ses travaux vers des thèmes qui sont
plutôt proches à une psychologie phénoménologique qu'à une
philosophie phénoménologique. Conséquemment, il abandonne l'époché
propre à la méthode husserlienne.
{ ... } bien qu'à
plusieurs reprises nous abandonnions l'époché propre à la méthode
de Husserl, nous n'en ignorons pas pour autant l'irrégularité que
cela représente et nous ferons de telles transgressions dans le but
de rendre plus accessible l'explication de nos points de vue. (1995,
p. 4)
En outre, c'est par ce contexte que parfois la
conscience s'identifie avec le « moi ». En effet, l'identification
se réalise à mesure que les sensations du corps s'additionnent et
qu'elles modifient le champ de la mémoire. Par conséquent, cette
fausse identification provient d'un registre ou d'une sorte
d'illusion. Silo emploie le registre dans son modèle. Il désigne le
registre comme l'expérience de la sensation accompagnée du souvenir
ou d'un élément imaginé. Par ailleurs, lorsque l'auteur parle du
«moi», il explique que celui-ci est limité par les données et par
la sensation du corps, spécialement par celle du toucher externe. Il
définit « le moi» comme le mécanisme qui observe les actes de la
conscience.
Comme nous l'avons vu précédemment dans nos articles, la conscience ne peut être étudiée en
tant que phénomène naturel puisqu'il est totalement étranger aux
sciences dites naturelles. Comme l'avait bien compris Jean Paul
Sartre, « les progrès de la psychologie et des sciences ne
rendront jamais compte du fait que je suis une conscience qui
perçoit, je suis une conscience qui se souvient, je suis une
conscience qui imagine, qui se projette dans le futur »(l'esquisse
d'une théorie des émotions).
Nous appelons « moi»
ce qui observe les mécanismes et opérations qui se développent
dans la conscience; en état de veille. Cette observation s'effectue
comme à partir de l'intérieur, alors que dans le sommeil, on
observe comme à partir de l'extérieur. Il n'y a pas de moi sans
sensations, sans images et sans souvenirs. Quand le moi se perçoit
lui-même, il travaille aussi en utilisant ces voies, qu'elles soient
véritables ou illusoires. (Silo, 2006).
(Wikipédia: Philippe Pierre imayana place de la bourse)
Espace de représentation
Dans ses travaux, Silo définit l'espace de
représentation comme une forme d'espace mental qui correspond au
registre visuel interne des sensations du corps permettant la
connexion entre les productions (les images internes) de la
conscience et le corps lui-même. L'auteur explique que l'espace de
représentation est tel, non pas parce qu'il est un contenant vide
qui doit être rempli des phénomènes de conscience, mais plutôt
parce que sa nature est «représentation» et que, lorsque des
images précises surviennent, la conscience ne peut que les
représenter sous forme d'extension. Selon cette théorie, l'image
est la façon active de placer l'intentionnalité de la conscience
dans le monde.
Dans la « Psychologie
de l'Image» est exposée une nouvelle théorie sur ce que l'auteur
appelle «espace de représentation », espace qui est une façon de
placer la conscience dans le monde et sans lequel il serait
impossible de comprendre comment l'intentionnalité de la conscience
se dirige vers les dénommés « monde extérieur» et «monde
intérieur». (1995, p. 3)
(Photo credit: wikipédia)
L'acte de représentation
Maintenant nous allons présenter un exemple de l'acte de représentation et y décrire quelques unes de ses opérations. Admettons que je suis assise devant mon écran et
que j'écris une phase. Mes doigts bougent et frappent les touches à
des endroits précis sur le clavier. Les mouvements de mes doigts
sont synchronisés à ma pensée et à ma parole et, conséquemment,
des caractères graphiques s'inscrivent à l'écran. Si je ferme les
yeux et que je représente les caractères graphiques à l'écran, je
constate que cette image continue à être externe, même si je
comprends qu'elle dépend de mes opérations. L'écran m'est
représenté dans un espace semblable à celui de la perception, mais
je comprends que ce n'est évidemment pas le même. Maintenant,
j'ouvre les yeux, je me lève et je fais quelques pas dans la pièce,
je reviens m'asseoir. Je reprends l'exercice et referme mes yeux en
me rappelant l'écran. Mais cette fois, je place l'image de l'écran
d'un autre point de vue: je le place à l'arrière de moi. Dès lors,
si je veux observer l'image telle qu'elle se présentait auparavant à
ma perception, je dois la mettre dans la position « devant les yeux», donc soit je retourne mentalement mon corps soit je fais un
mouvement de traduction de «l'espace extérieur », jusqu'à placer
l'image de l'écran devant moi.
Alors que j'ai toujours les yeux fermés, je place
l'image de l'écran devant mes yeux. Ainsi, ai-je dû produire une
dislocation de l'espace puisque si j'ouvre mes yeux, c'est une porte
que je vois devant moi. C'est avec un exemple similaire que Silo
aboutit à l'évidence que l'emplacement d'un objet dans la
représentation se situe à l'intérieur d'un espace qui ne peut
coïncider avec l'espace d'origine de la perception. Autrement dit,
une représentation occupe une certaine position dans l'espace de
représentation. Sartre (1938) a présenté un constat similaire dans
ses travaux, mais il n'a pas expliqué spécifiquement la structure
qui lie la perception et l'image. D'autre part, nous pourrions
continuer ce jeu, à l'aide soit de représentations extérieures qui
ont les bases des cinq sens classiques, soit de représentations
internes qui proviennent de la cénesthésie et de la kinesthésie.
Conséquemment, on ressentira toujours une sensation
de spatialisation localisée quelque part dans le corps lorsque nous
rappelons nos expériences. En outre, nous supposons que les
perceptions de l'utilisateur correspondent à des images en dehors de
la sensation cénesthésico-tactile de sa tête, mais à l'intérieur
du quelle la limite demeure son regard.
(wikipédia photo :L'ensemble de Mandelbrot, après un zoom de 281748 fois.)
Le déplacement de l'acte de représentation
Afin de mieux saisir le déplacement de l'acte de représentation voyons un peu comment s'opère le déplacement de l'acte dans la champ de l'attention. Admettons que je suis assise devant mon clavier. Si je
ferme les yeux, je peux allonger mes doigts et localiser le clavier
avec une exactitude approximative en suivant l'image intérieure que
j'ai de celui-ci. Dans ce cas, l'image agit comme une image traceuse
de mes mouvements. Par contre, si je place l'image sur le côté
droit de l'espace de représentation, mes doigts suivent le tracé
vers la droite. Évidemment, ils ne coïncident pas avec
l'emplacement du clavier extérieur à moi. Si, par la suite,
j'intériorise l'image du clavier vers le centre de ma tête, en
plaçant l'image « à l'intérieur de ma tête », alors le
mouvement de mes doigts a tendance à s'inhiber. Inversement, si
j'extériorise l'image à quelques centimètres devant moi, alors
j'expérimente une distance face au clavier. Ainsi, non seulement mes
doigts ont-ils tendance à avancer à suivre l'image et
éventuellement ils touchent l'écran.
Quand nous disons que
l'espace de représentation présente différents niveaux et
différentes profondeurs: sommes-nous en train de parler d'un espace
volumétrique tridimensionnel ou du fait que la structure
percepto-représentative de ma cénesthésie se présente à moi sous
une forme volumétrique? Il s'agit, bien évidemment, du second et
c'est grâce à cela que les représentations peuvent apparaître en
haut ou en bas, à droite ou à gauche et devant ou derrière, et que
le « regard» peut également se placer, par rapport à l'image,
dans une perspective délimitée. (Silo, 1995, p. 12)
Silo constate que, au fur et à mesure qu'un
individu descend de niveau de conscience, l'espace de représentation
augmente en dimension et qu'il devient alors plus « volumétrique ».
Il en est ainsi parce qu'à mesure que l'on descend de niveau, le
registre des sens externes diminue alors que le registre
cénesthésique interne augmente. Silo souligne l'existence de trois
niveaux de conscience, le sommeil, le semi-sommeil et la veille.
Évidemment, les utilisateurs agissent à partir du niveau de la
veille alors qu'ils interagissent dans l'environnement virtuel.
Bien entendu, l'espace
de représentation agit en pleine veille, mais cet espace, au lieu de
prendre du volume, s'aplatit en marquant les différences entre la
représentation des phénomènes internes et externes. (2006, p. 94)
Ainsi, en accord avec l'idée d'intentionnalité, il
est évident qu'il n'y a de conscience que s'il y a quelque chose.
Par conséquent, ce «quelque chose» ne peut échapper à la
spatialisation présente dans l'acte de représentation. Toutefois,
le fait de représenter un objet engage un acte de conscience
correspondant à la spatialité de cet objet, c'est-à-dire que
l'acte de représenter en tant qu'acte de conscience se réfère à
un objet représenté comme une structure. Ainsi, l'acte et l'objet
ne peuvent être séparés dans l'étude du phénomène et conséquemment on ne peut isoler l'intentionnalité de la conscience d'elle-même. L'acte et l'objet sont une même structure,
c'est-à-dire que l'acte-objet est propre à l'intentionnalité de la
conscience. Pour expliquer ce point, reprenons l'exemple que nous
avons précédemment illustré: mes doigts peuvent s'orienter
correctement sur le clavier parce qu'il existe une position spatiale
précise associée à des registres kinesthésiques pour chacun de
mes doigts, sans laquelle l'association entre mes doigts, ma pensée
et ma parole ne pourrait être possible. Or, toute conscience est
consciente de« quelque chose» -et ce quelque chose doit présenter
une spatialité.
Mais il est, en plus,
intéressant de constater comment la pensée en paroles a pu se
traduire en mouvement des doigts associés aux positions des touches.
Cette «traduction» est par trop fréquente et donne lieu à donner
un exemple: il suffit de fermer les yeux et d'écouter les
différentes sources sonores pour constater comment les globes
oculaires ont tendance à se déplacer dans la direction de la
perception acoustique. (Silo, 1995, p. 13)
Comme nous l'avons décrit précédemment, l'acte de représentation est
mobile, c'est-à-dire qu'il se déplace dans le champ de l'attention
alors que celle-ci est dirigée par la conscience.
Or nous supposons qu'un uti1isateur qui est expérimenté dans les déplacements dans l'environnement virtuel
doit maintenir son attention sur le mouvement de la vue, qui reçoit
le stimuli et maintenir simultanéiment l'acte de représentation. Or, il doit exister un
mécanisme de conscience qui permet à l'utilisateur de déplacer son
attention sur les sens en mouvement tout en maintenant l'acte de
représentation dans le champ de perception et de représentation (champ de présence). L'auteur nomme ce mécanisme: la réversibilité de la conscience.
(photo crédit wikipédia : Emmanuel Kant « L'art ne veut pas la représentation d'une belle chose mais la belle représentation d'une chose. » - jugement et interprétation)
L'attention et l'acte d'aperception
L'approche psychologique et phénoménologique proposé par Silo apporte des nouvelles idées sur le travail de
l'attention. Selon l'auteur, la conscience possède une aptitude
d'observation qui est l'attention. Les opérations de l'attention
permettent à la conscience d'observer à la fois les phénomènes
internes et externes; ce mécanisme est appelé la réversibilité de
la conscience. Ainsi, entendre un bruit sans participation de mon
intention diffère du fait d'être à la recherche d'un bruit
spécifique. Silo définit l'acte d'aperception comme la faculté de
la conscience de se diriger, au moyen de l'attention, vers ses
sources d'informations sensorielles.
En règle générale, le terme « aperception» créé
par Leibniz (1764) fait référence à un réel plus réfléchi que
la perception: « l'homme identifie le bruit de la vague en passant
par la perception de bruits infiniment nombreux et infiniment petits
des vaguelettes, des gouttes qui la composent, pour ensuite avoir
conscience de ce qu'il entend dans l'ensemble» (Wikipedia.org le 7
juin 2008). L'aperception selon Leidniz est définie comme plus
intime et plus immédiate que la perception. Par ailleurs, la
définition de Silo nous permet de comprendre pourquoi l'acte
d'aperception donne l'impression d'intimité à l'utilisateur alors
qu'il interagit avec d'autres utilisateur dans l'environnement virtuel.
(Photo crédit: wikipédia le tétraèdre de Sierpinski une version tridimensionnelle du tapis de Sierpinski)
Le champ de présence et les champs de co-présence
Selon Silo, il existe deux champs de l'attention, le
champ de présence et le champ de coprésence. Le champ de présence
inclut la perception et la représentation. Ainsi lorsque
l'utilisateur interagit avec les fonctionnalités interactives de
l'environnement virtuel, il prend une attitude d'aperception accompagnée de l'acte de représentation dans le champ de présence.
Or, rappelons que le champ de présence est toujours situé dans
l'espace de représentation et qu'il se déplace selon
l'intentionnalité de la conscience. Silo désigne deux champs de l'attention: les champs
de présence et de coprésence.
Ces champs attentionnels
opèrent différemment d'un niveau de conscience à un autre et
dépendamment des mécanismes de conscience qui sont mobilisés.
(Silo, 2006, p22)
Le champ de co-présence inclut tous les objets non
présents, mais qui sont rattachés à l'objet perçu. D'autre part,
toute représentation qui est placée dans le champ de présence de
la conscience suscite des chaînes associatives entre l'objet et sa
co-présence. Ainsi la définition de la co-présence proposée par
Silo est tout à fait géniale. En effet, il propose de définir la co-présence comme la rétention actualisée et superposée à la perception.
II constate que c'est grâce à la co-présence que la conscience
infère plus que ce qu'elle perçoit. En effet, souvent nous essayons
d'accommoder une nouvelle perception avec des interprétations de «
comme si », c'est-à-dire comme si cet objet était plus ou moins
similaire à cet autre objet que nous connaissons. Ainsi le champ de
co-présence n'est pas strictement lié à l'objet central dans la
perception.
Quand l'attention
travaille, il y a des objets qui apparaissent comme centraux et des
co présences attentionnelles qui existent autant pour les objets
externes que pour les objets internes. Quand on porte attention à un
objet, c'est son aspect manifeste qui est présent et ce qui est non
manifeste s'opère de manière co-présente. «On prend en compte»
cette partie, même si on n'y porte pas attention. (2006, p. 18)
Nous insistons sur la portée théorique
de l'espace de représentation puisque cette façon de placer la
conscience dans le monde nous permet de comprendre comment
l'intentionnalité de la conscience se dirige vers les dénommés
milieu interne et milieu externe - conséquemment dans le monde
virtuel.
D'un autre côté, il se
pourrait que si la psychologie post-husserlienne n'a pas pris en
considération le problème que nous désignons comme celui de
«l'espace de représentation », certaines de ses thèses doivent
être révisées. Il serait en tout cas injuste de nous attribuer une
rechute naïve dans le monde du« psychique naturel ». (1995, p. 2)
D'autre part, il est dommage de constater que peu de
chercheurs se sont penchés sur la phénoménologie de l'espace
explorée par Husserl.
(Photo crédit wikipédia : Une version tridimensionnelle de l'ensemble de Cantor)
Champs de l'attention et le mécanisme de réversibilité de la conscience
Nous
savons que les opérations de l'attention permettent à la conscience
d'observer à la fois les phénomènes internes et externes. Nous
avons vu que grâce au mécanisme de réversibilité, la conscience
peut intentionnellement diriger un sens ou un ensemble de sens. Par
exemple, si l'utilisateur veut préciser le registre qu'il ressent
alors qu'il interagit avec les fonctionnalités interactives
de l'environnement virtuel, il doit changer sa conduite et adopter
une attitude d'aperception, c'est-à-dire qu'il doit déplacer son
attention sur le mouvement de la vue qui reçoit la stimulation.
Conséquemment, les seuils et les franges des autres sens se
rétrécissent ainsi l'utilisateur a l'impression de se rapprocher de
la stimulation.
Les mécanismes de la conscience et l'objet de la conscience sont accompagnés par les champs attentionnels. Comme nous l'avons présenté précédemment, il existe deux champs attentionnels : le champ de présence et celui de co-présence. Le concept des plus innovateurs proposés dans l'approche psychologique et phénoménologique est bien sûre la co-présence - définit comme la rétention actualisée et superposée à la perception.
Les mécanismes de la conscience et l'objet de la conscience sont accompagnés par les champs attentionnels. Comme nous l'avons présenté précédemment, il existe deux champs attentionnels : le champ de présence et celui de co-présence. Le concept des plus innovateurs proposés dans l'approche psychologique et phénoménologique est bien sûre la co-présence - définit comme la rétention actualisée et superposée à la perception.
La mémoire et le mécanisme d'évocation
La mémoire est la
fonction du psychisme humain qui régularise le temps, l'accumulation
des registres et des sensations. Luis Amman, psychologue Argentin,
ayant travaillé avec Silo explique l'existence de certaines lois de
l'enregistrement de la donnée:
(...
) On enregistre mieux suivant: a) la force de la stimulation; b)
l'entrée simultanée de la donnée par différents sens; c)
lorsqu'une même donnée sur un phénomène est présentée de
différentes manières; d) par répétition; e) en contexte; f) par
un net manque de contexte; g) par absence de bruit de fond ou par une
meilleure fluidité du signal; h) en l'absence de stimulation, la
première stimulation qui apparaît s'enregistre fortement; i) si la
mémoire n'est pas en train de fournir de l'information à la
conscience (l'acte d'évocation); j) lorsqu'il n'y a pas saturation
par répétition ou blocage; k) la conscience prête attention à la
donnée (l'acte aperception). (2004, p.292)
Les caractéristiques de
l'enregistrement sont d'une importance capitale pour l'acquisition de
connaissances de même que pour le perfectionnement de nouvelles
conduites dans l'environnement virtuel. En effet, il s'avère que
l'on mémorise et l'on évoque mieux à partir d'émotions aimables
et agréables. Conséquemment ces émotions sont déterminantes dans
les tâches d'apprentissage, dans lesquelles les données sont mises
en relation avec le contexte émotif de situation.
Conclusion
Finalement nous supposons que pour Sartre et Silo, l'émotion et l'imagination
sont des types de consciences organisées de manière particulière
qui permettent à l'individu d'entrer en relation avec le monde. Par
ailleurs, nous comprenons mieux la position que certains chercheurs
ont défendue alors qu'ils ont cru que l'espace n'était valable que
pour la réalité extérieure.
En fait, de ce point de vue, ils n'ont pas pu
concevoir la possibilité que l'image interne ait une spatialité et
un emplacement dans un espace interne de représentation.
Notre recherche exploratoire de la théorie de
l'espace de représentation nous a permis de répondre à une partie
de notre problème concernant la perspective d'un utilisateur qui interagit avec les fonctionnalités de l'environnement virtuel.
Conséqumment, nous avons vu que l'utilisateur perçoit des images « dites extériorisées », donc la perspective demeure son propre regard.
Conséqumment, nous avons vu que l'utilisateur perçoit des images « dites extériorisées », donc la perspective demeure son propre regard.
Par ailleurs, une questions demeure, c'est-à-dire comment l'utilisateur peut-il évoquer un état (une conduite) alors que
son attention est déjà sollicitée par le travail de l'acte
d'aperception et de l'acte de la représentation dans le champ de
présence (le travail de réversibilité de la conscience) ? Dans notre prochain blogue nous allons étudier cette question et présenter comment l'état de présence qui permet à l'utilisateur évoquer certains automanismes à certains seuils (reconnaissances rapides) alors que son attention est déjà sollicitée.
Notes
et références :
Monde
interne et monde externe
Lorsque
nous parlons de « monde », nous faisons autant référence au
dénommé «monde interne» qu'au dénommé « monde externe ». Il
est également clair que cette dichotomie est acceptée parce que
dans cet exposé, nous nous plaçons dans la position ingénue ou
habituelle. Il nous semble utile de rappeler ce qui a été dit dans
le chapitre 1,
paragraphe à
propos
de la rechute ingénue dans le monde du « psychique naturel».
(1995, p. 6) .
La perception
La perception est « le registre de la donnée
sensorielle», c'est la donnée qui arrive au niveau
d'un sens et qui est enregistrée comme une variation du tonus des
propriétés latentes du tissu nerveux du sens. La perception est
configurée et structurée par la conscience et se réfère à un ou
plusieurs sens.
Quant à la perception,
diverses définitions en ont été données, telle que: « Acte de se
rendre compte des objets externes, de leurs qualités ou de leurs
relations, perception qui, à la différence de la mémoire ou
d'autres processus mentaux, s'oriente directement vers des processus
sensoriels». Pour notre part, nous comprendrons par perception, une
structuration de sensations faite par la conscience, se référant à
un sens ou à plusieurs sens, c'est le registre de la donnée
sensorielle. (1995, p.5)
La sensation
Il est propre à la
physiologie, et non à la psychologie, de définir la sensation en
termes de processus nerveux afférents qui partent d'un récepteur et
se transmettent au système nerveux central, ou des choses de ce
genre. Par conséquent, cela ne sert pas notre objectif. (1995, p. 5)
Nous disons que la sensation est l'atome théorique
de la perception. II n'y a rien qui ne puisse exister pour la
conscience, si cela n'a pas été détecté par les sens. En règle
générale, lorsqu'il est question de sensation, la physiologie en
parle en termes de « récepteur» relié au système nerveux.
Toutefois, selon Silo, l'étude de la sensation doit aller plus loin:
il existe des sensations qui accompagnent les actes comme l'acte de
penser, de se rappeler, d'aperception, etc. Cette distinction amène
Silo à la conclusion
suivante:
{...
} la sensation apparaît comme une
structuration que la conscience effectue dans son travail
synthétique, mais elle est analysée arbitrairement pour décrire sa
source d'origine, c'est-à-dire pour décrire le sens d'où part son
impulsion. ([995, p. 5)
Ainsi, ne ressent-on pas l'acte de penser sous une
même forme ou de la même manière qu'un objet externe. Sans les
sensations, ni l'imagination ni même la mémoire ne pourraient
exister. Il ne pourrait exister ni douleurs ni plaisirs. Il est
nécessaire que la structure « conscience sensation» puisse sentir
l'imagination et la mémoire, et se rapprocher de ce qui est agréable
ou s'éloigner de ce qui est douloureux. Si nous ressentons le
travail de l'imagination, c'est parce qu'elle a atteint ce point qui
nous permet de sentir cette sensation.
Le registre
Le registre est l'expérience de la sensation. Il
est produit par les stimuli détectés grâce aux sens internes ou
externes, et est accompagné d'un souvenir ou d'un élément
imaginaire.
Le registre, «signifie
l'expérience vécue que l'on a d'un phénomène, c'est-à-dire la
manière dont la conscience l'enregistre, « l'impression» du
phénomène dans la conscience» (1999, p. 33).
Par exemple, si je fais quelque chose, et que
quelques heures plus tard, je me rappelle l'action que j'ai réalisée,
j'évoque alors le souvenir et le registre de cette action.
La distinction entre le registre et la
sensation
La distinction entre la sensation et le registre,
que Silo entreprend est un travail de réduction~ des éléments
fondamentaux et souligne que les sensations peuvent être
représentées par l'image ou par la donnée mnésique. Or, les
sensations qui arrivent de la mémoire et de l'imagination sont
appelées des registres, c'est-à-dire que le registre nous donne la
sensation de ce qui a été enregistré par la mémoire, ou imaginé
par l'imagination. Dans le cadre de notre étude, nous pensons qu'il
est plus juste de qualifier la sensation immersion comme le registre
d'immersion, puisque l'immersion est une sensation mémorisée dans
l'inertie du sens de la vue. En somme, c'est le sens de la vue qui
est le plus sollicité dans l'expérience virtuelle. Dès lors, nous
supposons que les sensations que ressent l'utilisateur alors qu'il
est en présence de « l'autre» dans l'environnement ne sont pas que
de simples « sensations ». En effet, nous suggérons qu'il s'agit
de registres, c'est-à-dire de sensations qui ont été mémorisées
ou imaginées.
La représentation
Le champ de présence de l'utilisateur est constitué
de la perception et de la représentation. Par ailleurs, la
représentation est définie comme un phénomène de la mémoire
touchant essentiellement le champ de présence. Néanmoins, elle
diffère d'une part, de la donnée de mémoire qui peut agir dans la
co-présence de façon subliminale et d'autre part, de la donnée de
la perception.
Les sens
Les sens ont pour
fonction de recevoir et de fournir des données à la conscience et à
la mémoire, étant organisés de différentes manières selon les
nécessités et les tendances du psychisme. (2006, p. 12)
Tous les sens produisent des registres et des
sensations. Les sens externes sont la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût
et le toucher tandis que les sens internes sont la cénesthésie, la
douleur, la température, la tension musculaire et la kinesthésie
-liée à la position et aux mouvements du corps. Les sens internes
permettent, par ailleurs, d'enregistrer le travail des émotions, des
opérations intellectuelles et de la mémoire. Chaque sens a une
mémoire et des fonctions élémentaires qui sont situées dans
l'inertie de travail du sens. Nous constatons que le fait que les
sens possèdent leur propre mémoire permet de maintenir la
perception dans l'inertie, bien que la stimulation ait cessé.
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Ouvrages:
Silo, Notes de Psychologie, éditions références, Paris, 2006. Dans Psychologie IV, on étudie sommairement le dédoublement des impulsions ; on étudie ensuite les différences entre la conscience, l'attention et le "moi". Cette psychologie, qui a commencé par l'analyse des impulsions les plus élémentaires, s'achève ainsi dans la synthèse des structures de conscience les plus complexes - dont la théorie de l'espace de représentation.
Pour achat enligne : www.educationnonviolence.ca
Farrell, Anne. 2008. Étude du registre d'immersion et de l'État de présence interne chez les jeunes entre 11 et 15 ans qui socialisent dans les espaces virtuels. Université du Québec à Montréal, 136 p. (Plusieurs informations de l'article sont directement tirées de cet ouvrage)
Sartre, Jean-Paul. 1938. Esquisse d'une théorie des émotions, Paris: Le livre de poche, références, (ouvrage publié la première fois en 1938 dans la collection Actualités Scientifiques Industrielles), p 123.
Sartre Jean-Paul. 1989. L'imagination, édition corrigée avec un index par Arlette ElkaïmSartre, Paris: Presses uni vcrsitaire de France, 164 p.