(image: René Descartes, un mathématicien, physicien et philosophe français, Méditations métaphysiques, image crédit: wikipédia Frans Hals - Portret van René Descartes)
Partie II - Qui suis-je .. ou vais-je .. quelle est mon utilité vitale?
Les questions
fondamentales de notre époque se rapportent au registre de
l' « être » .. qui suis-je /ou vais-je?
Pourquoi j'existe?
À la fois fondamentales
et vitales les questions se rapportant à l'utilité psychologique
déterminent l'action de l'homme et la transformation de sa propre
Nature. Pourquoi j'existe? .. qui suis-je ou vais-je?
Pour aider à la
compréhension du lecteur, nous définissons le registre comme "l'expérience de la sensation produite par des stimuli
détectés par les sens internes ou externes, y compris le souvenir
et l'imagination".1
Dans cette 2ième partie de l'article - Qui suis-je ou
vais-je .. quelle est mon utilité vitale? - nous allons présenter l'humanisme historique occidental de la Renaissance puis le changement
de perspective qui s'est opéré dans la façon de se représenter la matière et l’esprit. En fait, cette façon de se représenter la matière et l'esprit persiste encore aujourd'hui dans les sociétés occidentales. Finalement nous allons voir comment la "conception" de l'homme postmoderniste est réduite à la biologie du corps humain, au code génétique et à la neurologie - conséquemment l'espace alloué à l'esprit humain s'est graduellement effacé.
L'approche mécaniste
Au
début de la révolution scientifique Galilée, Kepler, Descartes et
Newton, les précurseurs des sciences modernes, mettent au point la
méthode expérimentale et insistent sur le rôle fondamental des
mathématiques dans les sciences. Mais c'est René Descartes,
l'un des grands philosophes du XVe siècle et fondateur de la
philosophie mécaniste, qui marqua définitivement la conception de
l'espace des Occidentaux. En effet, celui-ci introduit une nouvelle
conception complètement radicale - où l'âme (l'esprit) est une
substance indépendante que seul l'homme possède. Il propose une
réalité divisée en deux catégories distinctes: d'un côté, res
extensa, où la matière est une substance étendue en mouvement
et, de l'autre, res cognitans, où l'âme est une substance
pensante immatérielle se traduisant par les pensées, les émotions
et les expériences spirituelles. Conséquemment peu à peu, au fil des siècles, la Nature et le corps de l'homme perdent leurs statuts en lien au « divin », et deviennent des objets de conquêtes, d'explorations et d'expérimentation. Pour René Descartes la clef qui permet d'accéder à la compréhension du monde naturel se trouve dans l'âme - res cognitans - "Je pense donc je suis"!
( )
( )
En outre, «le dualisme
présenté par Descartes sert de base à de «nouveaux courants»
scientifiques qui se développent comme la psychologie, à titre
d'exemple» (Wertheim, 2000).
Avant l'approche
mécaniste de Descartes, l'âme et le corps ne faisaient qu'un; il
n'y avait pas de distinction entre la science et la philosophie. Par
ailleurs, l'approche cartésienne a considérablement modifié
l'objectif de la science. Dorénavant, la connaissance est orientée
vers l'action des corps matériels dans l'espace et dirigée par la
raison. En effet, au cours des siècles qui vont suivre, l'humanité
vit une course scientifique et technologique fulgurante.
Les scientifiques tracent
l'espace céleste et l'espace terrestre dans leurs totalités. Ils
mettent au point une série de machines et transforment la matière, la nature, pour la rendre « utile ». Ils atteignent la limite
de la matière. Ils observent les atomes, les photons et les particules. Un
certain Albert Einstein physicien théoricien, établit
une équivalence entre la matière et l’énergie d’un système et
énonce une nouvelle théorie sur la gravitation dite relativité
générale. Le physicien s’attaque au postulat d’un espace et
d’un temps absolus, tels que définis la mécanique de Newton. Ainsi il contribue au développement de la mécanique quantique. En
2013, en Suisse les physiciens font la démonstration de l'existence
de la particule élémentaire, le Boson de Higgs.
L'homme est
exploré dans l'ensemble de sa physiologie, de sa biochimie et de sa neurologie,
jusqu'à la limite de ses cellules, de ses neurones et de son code
génétique. L'homme explore l'univers à la recherche des traces de
son origine. En 1969, le premier homme marche sur la lune. Les
astrophysiciens découvrent d'autres galaxies. Y a-t-il de la vie sur
les autres planètes et dans les autres galaxies? En fait, plus l'homme
cherche et plus il découvre des galaxies.. il en découvre des milliards de galaxies et des centaines de milliers de milliards de planètes. Malgré le contexte de la guerre froide entre l'ouest et l'est, les Américains et les Soviétiques travaillent ensemble et établissent avec plusieurs nations une station spatiale internationale placée en orbite autour de la terre. Sa mission : fournir une plateforme pour réaliser des recherches et des expériences pour accroître la compréhension des effets d'un séjour dans l'espace sur le corps humain. Les hommes découvrent des planètes habitables, similaires à la terre ; comme l’exoplanète Kepler 22-B dans la constellation du cygne découverte en 2011. Plus
récemment, les scientifiques et les ingénieurs réussissent à poser
une sonde spatiale (Rosetta) sur une comète qui se déplace à 18 Km
à la seconde à une distance de 500 millions de kilomètres de la
terre. Toute cette science est phénoménale et renvoie cette image de l'homme portant l'aura du génie. C'est cet héros, mi-prométhée et mi-robot. Toutes ces découvertes et cette technologie sont le fruit d'une accumulation d'efforts et d'ingéniosité de plusieurs civilisations et de milliers de millénaires de vie et de temps humain. Il y a 400,000 ans, l'homme domestiqua le feu. Le voilà, quelques 400,000 ans plus tard qui observe l'univers avec un oeil gigantesque perché dans l'espace. C'est avec le télécospe Hubble qu'il découvre et voyage à travers l'espace galactique à la rencontre de l'origine de la vie et de l'origine des temps et de la lumière! C'est phénoménal!
Par conséquent, toute
cette frénésie, essentiellement focalisée sur l'externalité des
phénomènes et jumelée au dualisme cartésien, provoque l'effacement
constant de l'espace collectif spirituel et de l'esprit humain. En effet, au fil des siècles ce manquement d'espace alloué à l'esprit humain précipite le monde occidental dans une crise psychologique et
philosophique, qui n'est toujours pas résolue. Peu à peu les hommes modernes perdent l'espoir et la foi dans la raison et le "progrès". Cette perte
marquera la fin de la modernité. Le fascisme et ses représentants proclament : "Vive la Mort!" La vie humaine en est réduite à l'absurde. Certains se questionnent : "À quoi bon exister?" ou encore Qu'est-ce qu'exister? Dans la matinée du 16 juillet 1945, un jeune physicien, Oppenheimer - qui étudie au même moment le sanskrit pour comprendre la religion védique hindoue - entre dans l'histoire. Un soleil miniature explose sur la terre. La course à l'armement nucléaire et à la destruction viennent de s'amorcer. Au cours du XIXième siècle l'humanité connaitra les génocides et holocaustes, famines, maladies et destruction qui atteigneront des niveaux jusqu'alors inconnus dans l'histoire de l'homme.
Aujourd'hui la destruction de l'homme et la Nature se poursuivent un partout sur la planète et dans toutes les cultures. Mais quand n'est-il de l'humanisme du XIX ième siècle? Que reste-t-il des attributs de l'humanisme historique occidental de la Renaissance ?
Aujourd'hui la destruction de l'homme et la Nature se poursuivent un partout sur la planète et dans toutes les cultures. Mais quand n'est-il de l'humanisme du XIX ième siècle? Que reste-t-il des attributs de l'humanisme historique occidental de la Renaissance ?
De l’humanisme de la Rennaissance à l'humanisme contemporain
Comme nous l'avons montré dans la première partie de notre article l’humanisme historique occidental de la
Renaissance était caractérisé par le retour aux textes antiques, par
l’intégration d'attitudes relevant d'une certaine ethique et d'une morale et finalement par la dévotion pour les arts, la littérature et la pensée. Marsile
Ficin une des figures prédominantes du mouvement néoplatonicien à
la Renaissance explique:
(..) l'âme humaine, point moyen et miroir de toutes choses, peut contenir en soi de tout l'univers. Il n'y donc pas d'abysse entre l'homme et la nature d'un côté et Dieu de l'autre, mais un passage continu et ininterrompu qui va de Dieu à l'ange, à l'homme, aux animaux, aux plantes, aux minéraux." (Puledda, 2000, p. 64)Nous remarquons qu'au cours du siècle des lumières, DaVinci, Newton, Descartes et d'autres savants se tournent vers les sciences mathématiques. Cette emphase sur les mathématiques est loin d'être un geste exclusivement scientifique. En effet, selon l'interprétation de Luca Pacioli un humaniste de la Renaissance, les savants de l'époque redécouvent la ''divine proportion", ou la section d'or. Pour Puledda, il s'agit d'une mathématique mystique et non d'une science qui trouve sa légitimité dans les projets de la mesure pour quantifier et classifier la Nature.
(..) Fidèle aux idées de Pythagore et de Platon, l'humanisme de la Renaissance ne conçoit pas les nombres et les figures géométriques comme de simples instruments pour le calcul ou la mesure. Ce sont des entités en soi, expression de la vérité la plus profonde : ce sont les symboles de la rationalité de l'univers, qui ne peut être compris que grâce à cette faculté propre à l'homme l'intelligence. (..) la clef qui permet d'accéder à la compréhension du monde naturel se trouve dans l'homme. Ce dernier est le code, le paradigme de l'univers, dans la mesure ou, comme microcosme, il présente les mêmes caractéristiques fondamentales que lui. La structure, l'harmonie du corps, le fait que toutes ses parties soient reliées entre elles et aient des fonctions complémentaires, se retrouvent exactement dans la solidarité et l'unité de l'univers. (Puledda, 2000, p.70, 72)
Pour Puledda (2000), l'humanisme n'a jamais été une philosophie, il explique que plutôt celui-ci se définit comme une perspective et une attitude face à la vie; de l'humanisme de la Renaissance, les philosophes de l'existence en garde l'idée centrale, c'est-à-dire que l'être humain n'a pas une nature fixe comme c'est le cas pour les animaux, les plantes et les minéraux. L'être humain est un homme libre qui se fait lui-même.
Pourtant, l’humanisme contemporain c'est davantage associé à la philosophie et se préoccupe peu des attitudes et de la morale. De plus, cet humanisme émerge des débats entre les philosophes de l'existence.
Pourtant, l’humanisme contemporain c'est davantage associé à la philosophie et se préoccupe peu des attitudes et de la morale. De plus, cet humanisme émerge des débats entre les philosophes de l'existence.
« Nous
disions que les philosophes de l'existence ré-ouvrirent le débat
sur ce thème qui après les deux catastrophes mondiales, paraissait
mort. Ce débat commença par considérer l'humanisme comme une
philosophie, alors qu'en réalité celui-ci ne fut jamais une posture
philosophique mais une perspective et une attitude face à la vie et
aux choses (..) il ne faut donc pas s'étonner que des penseurs comme
Foucault aient accusé l'humanisme d'être un produit typique de ce
siècle. .. En réalité l'humanisme historique occidental ne fait en
aucun cas une philosophie, ni chez Pic de la Mirandole, ni chez
Marsile Ficin. (...) Si l'humanisme de la Renaissance s'intéressa
aux thèmes de la philosophie morale, on doit comprendre cette
préoccupation comme un effort de plus pour démonter le système de
manipulation exercé dans ce domaine par la philosophie scolastique
médiévale. (Puledda, 2000,p.190)
Du siècle des lumières à l'humanisme contemporain
Les Européens sont fiers du rôle qu'ils ont joué dans l'édification d'une culture qui donne une place prédominante à la rationalité et à la science. Ainsi, pendant plusieurs siècles ils y verront un facteur de supériorité. Mais, au fil des siècles les certitudes et les fondements des lumières sont remises en question. Par exemple, aujourd'hui, ces certitudes sont difficilement soutenues par les scientifiques. Dans un monde de plus en plus globalisé et de plus en plus complexe, de nouvelles approches se développent.
Les modèles mentaux des Lumières tendaient à résoudre la complexité par la simplification. Peu à peu, le cartésianisme, version appauvrie du philosphe, avait conduit à raisonner par division des problèmes en donnant la préférence aux traitements séparés des parties. Aujourd'hui, l'interdépance des questions oblige de préférer les relations des parties entre elles et avec le tout. Nous assistons à la fin du positivisme comme système d'ordre et de progrès. à la désuétude des classifications qui stérilisent les emprunts d'inspirations, si nécessaires aujourd'hui, à la systèmique, à la cybernique et à la biologie. (.. ) À une rationalité basée sur des systèmes de régulation régaliens, rationalité qui obéissait aux principes de la philosophie des Lumières, se substitudent les lois des marchés qui appartiennent davantage à la complexité biologique qu'à des lois de simplification mécanique. (Yves Brunsvick et André Danzin, 1998, p.40)
La machine biologique
La perte de la
« foi » dans la raison et le progrès ouvre la voie au postmodernisme et dépouille l'homme de sa brillante aura de génie. En effet, l'image de l'être humain se réduit à la machine biologique, une inspiration pour la cybernique, la biologie et la neurologie. Cet homme mi-robot mi-prométhée traverse le temps et l'espace physique tandis que son l'esprit est enfermé dans son cerveau.
Dans
une ultime synthèse, les différents types de sociétés humaines
résultent simplement, pour Lévis-Strauss, à différents
arrangements des éléments structuraux de l'esprit humain, qui
peuvent être eux-mêmes ramenés à des fonctionnements biochimiques
et biophysiques. Et cela, parce que l'esprit n'est autre qu'un
attribut du cerveau humain et [qu'il] constitue un système fermé:
comme un kaléidoscope où des mouvements successifs produisent de
continuels jeux de formes et de couleurs à partir de quelques
éléments simples (...). (Puledda, 2000, p. 194)
Puledda résume la conception de l'être humain comme suit: «l'image de l'être humain se réduit à l'aspect d'une « machine biologique », c'est-à-dire d'une « chose» déterminée par sa conformation chimique - le patrimoine génétique - et par les stimuli arrivant du milieu environnant.
(...) Ainsi la vie humaine et le monde perdent leurs sens et se transforment dans un quotidien banal et opaque, et dans une course absurde vers la mort.» (Puledda 2000, p.27).
Puledda résume la conception de l'être humain comme suit: «l'image de l'être humain se réduit à l'aspect d'une « machine biologique », c'est-à-dire d'une « chose» déterminée par sa conformation chimique - le patrimoine génétique - et par les stimuli arrivant du milieu environnant.
(...) Ainsi la vie humaine et le monde perdent leurs sens et se transforment dans un quotidien banal et opaque, et dans une course absurde vers la mort.» (Puledda 2000, p.27).
Actuellement dans les milieux scientifiques, il est pratiquement impossible de concevoir l'espace autrement que physiquement et matériellement. Pour Wertheim (The Pearly Gates of Cyberspace: A History of Space from Dante to the Interne, 2000), cette conception de l'espace nous renvoie à l'image de nous-mêmes, c'est-à-dire un corps et un cerveau qui contrôlent l'esprit (res cognitans). Wertheim explique que présentement il n'y a aucun espace dans lequel l'esprit humain puisse se manifester, il y a seulement l'espace matériel et physique à l'infini. Pour auteure, alors que la science traçait l'espace physique, l'occident a perdu de vue l'espace spirituel. Elle souligne, de plus, que les croyants possèdent évidemment une vie intérieure et spirituelle, mais elle constate la disparition de l'espace spirituel collectif.
Werthein note que cet arrangement de l'esprit humain par la science est un échec, car la science n'a pas su incorporer l'immatériel «je », ou le «moi », dans un espace autre que dans l'espace matériel et physique. Finalement, Wertheim constate que le
cyberespace est un espace immatériel en dehors de l'espace physique
permettant au «je» ou au « moi» de faire une tentative d'exister.
Tandis
que je suis assise devant mon ordinateur, je suis transportée vers
un autre espace, mais mon corps reste là devant l'ordinateur. Plus
de 100 millions de personnes occupent cet espace pendant un certain
temps tous les jours et plusieurs personnes y passent plusieurs
heures, Comment est-ce possible de nier que le cyberespace n'est pas
une partie de la réalité en ce début du troisième millénaire
pour ces millions de personnes? (Werthim, The Pearly Gales of
Cyberspace 2000, traduction de l'anglais au français)
Aujourd'hui tout citoyen de la planète peut se brancher à l'espace virtuel peu importe son revenu, son
statut ou son emplacement géographique. Un geste qui peu sembler anodin - agit et structure les représentations mentales. En effet, la répétition quotidienne de ce geste permet, entre autre, d'expérimenter un certain registre (1) de mobilité des images mentales - l'interactivité. Par exemple, grâce
à l'Internet des centaines de millions de personnes peuvent à tous
les jours remettre en question l’appropriation d'une certaine
partie de la réalité sociale par une minorité. Conséquemment, les utilisateurs
expérimentent le registe interne (la flexibilité et la plasticité de l'image) et de la réalité sociale et historique. Inévitablement cette expérience est transposée vers les
relations entre les hommes dans le monde physique et matériel. Autrement dit le monde social est
traversé par le monde virtuel et vise et versa.
Toutefois l'expérience virtuel ne mène pas à un changement de perspective et de l'emplacement de l'esprit humain. En effet, l'esprit humain demeure en dehors du circuit social et virtuel puisque et c'est toujours la conception postmoderniste de l'esprit humain qui prédomine, c'est-à-dire un esprit enfermé dans le cerveau de l'individu. Mais, comment est-ce possible pour un utilisateur qui interagit avec les fonctionnalités du web d'expérimenter les registres de présence (la présence de l'autre) - alors qu'il est seul devant un système technique et que son esprit est enfermé dans son cerveau ? Comment peut-il se représenter l'autre et dire qu'il ressent sa présence alors que l'autre est physiquement absent ? Nos expériences avec le virtuel nous pousse de plus en plus à nous questionner sur les perceptions de la matérialité et sur de "notion" de présence de l'autre.
Aujourd'hui plusieurs chercheurs définissent le « web » comme ce nouvel espace de socialisation et d'interconnection entre les individus et les communautés. Est-ce une définition appropriée pour un système d'une telle complexité ? Comment incorporer les observations de Werthim à cette définition, "lorsque j'interagis avec les autres je suis transportée vers d'autres espaces? Dans ses recherches, John Cavey, chercheur spécialisé dans les études ethnographiques, explique que l'expérience virtuelle reflète de profonds changements de perspectives et du sens de la communication humaine. Cavey relève que généralement, les personnes regardent la télévision, 1isent les journaux mais ils disent qu'elles naviguent sur l'Internet.
Toutefois l'expérience virtuel ne mène pas à un changement de perspective et de l'emplacement de l'esprit humain. En effet, l'esprit humain demeure en dehors du circuit social et virtuel puisque et c'est toujours la conception postmoderniste de l'esprit humain qui prédomine, c'est-à-dire un esprit enfermé dans le cerveau de l'individu. Mais, comment est-ce possible pour un utilisateur qui interagit avec les fonctionnalités du web d'expérimenter les registres de présence (la présence de l'autre) - alors qu'il est seul devant un système technique et que son esprit est enfermé dans son cerveau ? Comment peut-il se représenter l'autre et dire qu'il ressent sa présence alors que l'autre est physiquement absent ? Nos expériences avec le virtuel nous pousse de plus en plus à nous questionner sur les perceptions de la matérialité et sur de "notion" de présence de l'autre.
Aujourd'hui plusieurs chercheurs définissent le « web » comme ce nouvel espace de socialisation et d'interconnection entre les individus et les communautés. Est-ce une définition appropriée pour un système d'une telle complexité ? Comment incorporer les observations de Werthim à cette définition, "lorsque j'interagis avec les autres je suis transportée vers d'autres espaces? Dans ses recherches, John Cavey, chercheur spécialisé dans les études ethnographiques, explique que l'expérience virtuelle reflète de profonds changements de perspectives et du sens de la communication humaine. Cavey relève que généralement, les personnes regardent la télévision, 1isent les journaux mais ils disent qu'elles naviguent sur l'Internet.
Selon nous, l'expérience virtuelle doit avant tout s'intéresser aux caractéristiques du corps et à l'intentionnalité de la conscience, plus précisément à la façon dont nos sens fonctionnent; dont les actes de conscience nous donnent l'impression d'être quelque part; dont l'impression de la présence physique nous affecte; et à la façon avec laquelle nous établissons des reconnaissances, etc. (Farrell, 2008, p. 5)
Dans
la troisième partie nous
allons aborder l'humanisme et l'existentialisme de Sartre pour finalement voir les courants qui caractérisent l'humanisme contemporain. Alors que dans les prochains articles, nous allons présenter les changements qui s'opèrent actuellement dans le paysage de formation et expliquer l'espace de représentation, et le `registe` concept très innvoateur développé par Silo. Finalement, nous allons
voir comment l'éducation à la nonviolence s'élabore à partir de ce qui est particulier à l'existence, c'est-à-dire de ce qui est particulier
au registre1 personnel du penser, du sentir, et de
l'agir.
Pour
le nouvel humanisme universaliste la conscience humaine n'est pas un
reflet passif ou déformé du monde naturel; c'est plutôt un
phénomène radicalement différent du monde naturel. La conscience
est activité intentionnelle, une activité incessante
d'interprétation et de reconstruction du monde. La conscience est
pouvoir être, c'est-à-dire futur, dépassement de ce que le présent
nous donne comme fait. (Puledda, 2000 p. 29)
Pour vous procurez les livres : www.educationnonviolence.ca
1: Il y a deux mille cinq cents ans, dans un cours magistral de psychologie descriptive, Bouddha traita de l'un des problèmes les plus importants se rapportant à la perception et à la conscience qui observe la perception. Il le fit à partir d'une méthode fondée sur les registres. (Silo,2013, p.60)
Source:
Étude du registre d'immersion et de l'État de présence interne chez les jeunes entre 11 et 15 ans qui socialisent dans l'espace virtuel, Anne Farrell, Université du Québec à Montréal, Montréal Canada, 2008.

Interprétations de l'humanisme, Salvatore Puledda, Collection Nouvel Humanisme, Éditions Références, 2000. ISBN 2-910649-06-7

Interprétations de l'humanisme, Salvatore Puledda, Collection Nouvel Humanisme, Éditions Références, 2000. ISBN 2-910649-06-7
Silo Parle, Recueil, d'opinions, de commentaires et de conférences 1969-1995, Silo, ISBN 2-910649-05-9, Éditions Références, Paris, 1999. ISBN 2-910649-10-5
Lettre à mes amis, À propos de la crise sociale et personnelle dans le moment actuel, Silo, Collection Nouvel Humanisme, Éditions Références, Paris, 1995
Silo Parle, Recueil d'opinions, de commentaires et de conférences, 1969 -1999, Silo, Editions Références, Paris, 2013
The Pearly Gates of Cyberspace, A history of Space from Dante to the Internet, Margaret Wertheim, W.W. Norton & Co, UK 2000. (livre disponible sur Amazon)
Naissance d'une civilisation, le Choc de la Mondialisation, Yves Brunsvick et André Danzin, vlb éditeur/UNESCO, Québec, 1998.