La Nonviolence Active et l'Humanisme Universaliste don't possible dans un monde violent



 (Photo crédit: Humanistas Enconectividad, 2012)

La Nonviolence Active dans un monde violent
Nous sommes confrontés à la croyance que la Nonviolence Active n'est pas possible au sein d'un monde violent. Pourtant au début de l'évolution, la vie s'est manifestée dans les mers, dans l'eau et aucun être vivant ne pouvait respirer hors des mers. Si un poisson avait pu dire : sortons à l'air, il y a un monde nouveau là-bas, tous lui auraient dit qu'il était fou et irresponsable et qu'il mettait en péril la vie de tous.

Aujourd'hui, nous vivons dans une mer de violence, on ne croit pas qu'il soit possible d'en sortir et ceux qui cherchent «une nouvelle atmosphère» pour que respire l'être humain sont regardés avec suspicion.


Quand nous parlons de Nonviolence, nous ne parlons pas de quelque chose de facile qui s'obtient par la bonne volonté ou par un décret de loi. Nous parlons d'évolution, d'un saut de l'humanité, de la recherche d'une nouvelle expérience et d'un nouvel être humain. Nous parlons de la création d'une atmosphère mondiale et sociale pour réaliser une société pleinement humaine.

La violence nous poursuit depuis nos ancêtres les hominidés et de la même façon qu'un jour nous nous sommes mis debout pour regarder le soleil et le ciel et qu'un autre jour nous avons appris à produire le feu pour illuminer la Terre, nous pouvons avancer vers ce jour où nous laisserons derrière nous ce comportement que nous traînons depuis la préhistoire. Je mets intentionnellement en avant ces étapes de l'évolution pour faire comprendre l'ampleur du changement auquel nous aspirons, ce projet véritablement humain. Cette image du futur se trouve quelque part en nous et de là projette sa lumière et donne direction et espoir à l’humanité.

Parce que cette image a été conservée et parce qu'il existe a un sens profond qui oriente la vie, toute action n’est pas identique à n'importe quelle autre. Les actions qui accompagnent cette image d’un futur Nonviolent et humain produisent en nous sens, force et joie et les actions qui n'aident pas la direction évolutive de l'être humain produisent en nous de la souffrance en augmentant notre propre violence.

L’action Nonviolente, est beaucoup plus qu'une position politique, c’est un acte moral. L'acte moral se reconnaît parce qu'elle réveille en celui qui la réalise, inspiration, force et sens dans de la vie.

La Nonviolence ne peut imposer à l'autre sa vérité, ni même l'utilisation de sa méthodologie. La Nonviolence part de la décision personnelle de changer sa propre vie, de reconnaître la violence en soi et de dépasser son propre ressentiment, son propre désir de revanche et de domina-tion. Cesser de traiter les autres comme ils me traitent, pour commen-cer à les traiter comme j'aimerais être traité. J'affirme en moi et pro-clame aux autres, ce monde auquel j'aspire et l'être humain que je sou-haite. Je cherche ainsi à montrer par mon effort et mon action que ce monde chéri est chaque fois plus proche. (Ce texte de Dario Ergas a été tiré d'un extrait d'une conversation lors des événements organisés durant la Marche Mondiale pour la Paix et la Nonviolence—Santiago Chili 2010)

L’humanisme Universaliste
L’éducation à la Nonviolence Active s’inspire du mouvement humaniste et du courant pédagogique de l’humanisme Universaliste. Le mouvement humaniste, est un courant d’idées et d’actions qui a été lancé vers 1960 en Argentine et qui s’est développé un peu partout en Amérique du Sud au siècle dernier. À l’époque, Silo écrivain et fondateur du mouvement humaniste, est sévèrement persécuté par la dictature militaire tandis que ses ouvrages sont censurés. Entre 1960 à 1985, des dictatures cruelles se répandent et se succèdent partout en Amérique Latine. Après 1990, les systèmes démocratiques seront graduellement réédifiés en Amérique du sud. Avant 1989, les humanistes seront incapables d’organiser des conférences et de proposer des programmes éducatifs. À cause des persécutions systématiques qu’elles subissent, plusieurs personnes doivent s’expatrier en Europe et en Amérique du Nord. En fait, c’est dans un contexte de violence et de persécutions que l’humanisme Universaliste est propagé à travers le monde. Cet humanisme s’inspire des moments humanistes de plusieurs cultures et de l’humaniste historique.

Un peu plus tard au début du XXIe siècle l’humanisme Universaliste prend un nouvel essor et avance l'attitude et la position commune suivante; 1. l’emplacement de l’être humain comme valeur et comme la préoccupation centrale, 2. affirmation de l’égalité de tous les êtres humains, 3. la reconnaissance la diversité personnelle et culturelle, 4. soutient la tendance au développement de la connaissance au-delà de ce qui est accepté comme vérité absolue, 5. affirmation de la liberté d’idée et de croyance, 6. et rejette la violence.

Pour les humanistes la crise sociale et personnelle actuelle n’est pas interprétée au sens tragique ou « millénariste ». Selon eux cette crise représente l’épuisement d’un moment de processus, comme la fin d’une condition qui annonce une transformation radicale bien que difficile et tortueuse. En effet, jamais dans son histoire, l’humanité ne fut placée, simultanément, devant la possible catastrophe globale et devant l’opportunité de projeter les bases et d'avancer vers une civilisation universelle. Il semble que cette crise prend son origine dans cette difficile transition.

La science, la justice et l'action valable
Aujourd’hui, grâce aux développements technologiques et aux moyens de communication, nous sommes unifiés d’un coin à l’autre de la pla-nète. Nous avons marché sur la lune et observé des images de notre planète depuis l’espace. Nous avons vu que cette planète forme un tout, sans frontières et divisions. Nous voyons en temps réel les plus doulou-reux déséquilibres : la faim et l’opulence; les villes immenses et des aires abandonnées et désertes ; d’immenses villas à côté de centaines de mil-liers d’enfants réfugiés. Nous avons dépassés la douleur physique avec des avancées de la médecine. Mais alors que la souffrance humaine avance de jour en jour, de plus en plus de jeunes vivent la dépression, dans l’anxiété et l’isolement. 

Est-il possible de faire reculer toute cette souffrance avec la science et la justice ?

Alors que la douleur physique a reculé grâce aux progrès de la science et de la justice. La souffrance mentale reculera devant l’humanisation, devant le droit à la quête de sens, devant la joie, devant la réconciliation et devant l’expérience de l’unité intérieure. La souffrance mentale reculera devant l’action valable et devant la reconnaissance de l'intentionnalité de la conscience. 

Et qu’est-ce que l’action valable?
« Le fondement de l’action valable n’est donné ni par les idéo-logies, ni par les commandements religieux, ni par les croyances, ni par les règles sociales. Même si toutes ces choses sont très importantes, le fondement se trouve dans le registre1 intérieur de l’action. Il y a une différence fondamentale entre la valorisation qui semble venir de l’extérieur, et celle de l’action produite par le registre que l’être humain a de ce qu’il fait. Et quel est le registre que procure l’action valable ? Le registre de l’action valable est l’expérience d’unité, qui s’accompagne en plus d’une sensation de croissance intérieure. » (Silo 2013 p.22)

La particularité du penser, du sentir et de l’agir
Le penser cohérent prend ses sources dans le courant pédagogique de l’humaniste Universaliste. Cette façon de penser constitue la base de l’éducation à la Nonviolence Active. Penser, sentir et l’agir dans la même direction. Ainsi cette posture initiale ne prend comme point de départ un système d’idées, de croyances ou des considérations provenant des générations antérieures mais se fonde sur la particularité de la vie humaine, de l’existence et la particularité du registre personnel du penser, du sentir et de l’agir.

En fait, la caractéristique d’ouverture de l’être humain définit en quelque sorte ce qui est particulier à la vie humaine. Ici, nous parlons, des intentions qui se manifestent à travers l’action corporelle. D’une part, le monde naturel, à la différence du monde humain apparaît sans intention. 

Par exemple, les insectes, même s’ils sont très diversifiés n’ont jamais construit de navires où de bicyclettes pour d’explorer la planète et ins-taller des colonies un peu partout. Nous observons que ceux-ci se sont propagés grâce aux moyens de transport qu’ont développé les hommes au fil des âges. Même si les chiens et les chats sont de sympathiques ani-maux domestiques ils ne pourront jamais choisir de cuisiner un filet de saumon où un bifteck. En fait, ils ne pourront jamais organiser un dîner d’anniversaire au restaurant avec des amis et afficher des selfie sur les réseaux sociaux. Même si les baleines occupent les océans depuis plu-sieurs centaines de milliers d’années, elles n’ont jamais développé des technologies, qui placés devant leurs corps, agissent comme une pro-thèse externe et permet d’améliorer le fonctionnement et mouvement d’un sens, comme le font les lunettes— inventées par l’homme.
« Si je m’observe non pas du point de vue physiologique mais du point de vue existentiel, je me trouve placé dans un monde donné que je n’ai ni construit ni choisi. Je me trouve devant des phénomènes qui, à commencer par mon propre corps sont inévitables. (…) ma conscience s’est configurée de façon intersubjective et utilise des codes de raisonnement, des modèles émotionnels, des schémas d’action que j’enregistre comme «les miens » mais que je reconnais aussi chez les autres. 1- j’ai un registre immédiat de mon corps; 2– j’ai aussi des registres des phénomènes extérieurs de mon corps; 3– je constate que certaines opérations sont disponibles pour mon intention immédiate. Du point de vue existentiel, je peux voir différents phénomènes qui se présentent à moi et j’observe que ce monde se présente non seulement comme un ensemble d’objets, mais comme une articulation de plusieurs êtres humains. Un monde qui comprend une multitude de signes produits et modifiés par les êtres humains. Je constate que c’est grâce à l’ouverture et à la liber-té de choix entre différentes situations qui fait que je un être hu-main. Et grâce à cette possibilité de différer mes réponses et mes choix, cela me permet d’imaginer mon avenir. Mais je comprends que cette ouverture et liberté a permis à quelques-uns de s’emparer illégitimement du tout social. » (Silo, 1994, p.64)
Ainsi je perçois que certains ont nié la liberté et l’intentionnalité de d’autres. Ils les ont réduit à des instruments de leurs propres inten-tions comme le font les exploiteurs et les violents. C’est là que se trouve l’essence de la discrimination dont la méthodologie est la violence physique, économique, sexuelle, psychologique, raciale et religieuse. Par conséquent, ceux et celles qui ont réduit l’humanité des autres ont projeté de nouvelles douleurs et souffrances dans le monde en déshumanisant les autres. Aujourd’hui, il n’est pas surpre-nant que toute cette déshumanisation explose un peu partout à tra-vers le monde, tandis que surgissent des mouvements politiques et sociaux qui pointent vers l’exclusion des faux coupables, ils propo-sent d’éliminer une certaine diversité d’idées, de croyances pour en finir, selon eux avec les tensions et les crises culturelles et reli-gieuses. Mais ces luttes ne se déroulent pas entre forces méca-niques mais bien entre intentions et paysages humains.

Pour l’humanisme Universaliste se sont les intentions qui orientent les actions. D’autre part, l’action personnelle n’est pas un réflexe naturel. Mais l’action est construite à partir des intentions que partagent les indi-vidus. En ce sens ce nouvel humaniste, n’est pas intéressé à un huma-nisme répétitif, mais propose à un humanisme créatif qui prend en compte les paradoxes de l’époque et qui aspire à les résoudre. À partir de ce constat l’éducation à la nonviolence Active avance en proposant de nouveaux programmes d’activités scolaires.


Humaniser le moment actuel
Pourquoi avancer avec des programmes éducatifs pour la nonviolence Active ? Parce que trop souvent, les programmes scolaires proposent le développement d’attitudes de la personnalité humaine qui oppose le personnel et social. Il est nécessaire d’étudier la possibilité de dévelop-per un système de relations basé la reconnaissance de la diversité hu-maine qui diffère du système de domination actuel et qui génère des facteurs de déséquilibre ; déséquilibre le milieu social, culturel et écono-mique. Peut-être qu’il faut voir les choses différemment ? Aujourd’hui, le moment est peut-être venu pour l’être humain de réclamer le droit à la subjectivité, le droit à s’interroger sur le sens de la vie et le droit de pratiquer et de diffuser ses idées. Le moment est peut-être venu de ré-clamer le droit de diriger sa vie et de proposer de réfléchir au thème de la liberté face à l’oppression; de la manipulation de masse face à la dé-mocratie réelle. Le moment est peut-être venu de réfléchir à la question du sens de la vie face à la résignation, la complicité et l’absurde.


Le moment est peut-être venu dans ce monde ou règne la désorienta-tion et la perte de sens de propager une nouvelle sensibilité basée sur le la solidarité et le traitement réciproque. Une sensibilité qui n’opposera pas le personnel au social et le social au personne. Une sensibilité qui proposera le contact avec l’acte penser. L’éducation à la nonviolence Active s’intéresse à la progression de ce type de sensibilité.
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Références et notes:



Texte tiré du livre : Contrer l'intimidation Dialogue et nonviolence Active, 2ième édition, Henri Oscar Communication, Anne Farrell 177 p., 2016 ISBN: 978-2-924100-11-0

Registre: il s’agit de l’expérience de la sensation en plus de la mémoire (v. glossaire)

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