L'ère de la complexité changements et rupture de paysage de formation


(photo Wikipédia « Pensées tourbillonnantes », une représentation photographique sur la question de la conscience : comment la conscience peut-elle être expliquée en termes de processus cérébraux ? Où se trouve le siège de la conscience ?)

«Tandis qu’un 1% de la population d’enrichit jour après jour .. la valeur de l'argent prend tout l'espace politique, social et culturel alors que les aspirations de milliards d’êtres humains ne sont toujours pas satisfaites. Partout, les populations les plus défavorisées soufflent horriblement tandis que dans les pays les plus riches des millions de personnes soufflent parce qu'elles proposent un autre style de vie et une autre manière d'être qui n'est pas accepté."

Aujourd’hui, plusieurs experts reconnaissent les problèmes économiques et «éthiques» que vivent les Américains, mais peu ne semblent remarquer que c'est toute une civilisation qui est en train de tomber dans la confusion et le perte de sens. Si nous continuons à faire les choses comme par le passé, comme si le monde n'avait pas n'avait pas changé, il semble que nous ne pourrons appréhendé ce moment caractérisé par la complexité.

Il est evide que nous sommes coincés dans une "image" du monde dont le paysage humain est dominé par des valorisations qui proviennent « du paysage de formation » d'anciennes  générations. Mais, cette representation des choses n'est plus viable dans un monde en changements constants. En fait, ce sont les croyances des anciennes générations qui les empêchent d'admettre que nous sommes devant un nouveau moment historique. 

Dans plusieurs de nos blogues l'an dernier, nous avions amplement abordés le thème du paysage de formation. Nous avons démontré qu'il correspond à l'ensemble des images qui se sont formées lors des premières expériences d'un individu et d'une génération. 

Nous avons vu comment ce paysage continuait d'agir au travers des valorisations, une conduite et d'une vision du monde que porte un individu et toute une génération bien que le paysage extérieur ait changé.

"De nombreuses conduites font partie de notre comportement typique actuel. Nous pouvons comprendre ces conduites comme des tactiques que nous utilisons pour  nous développer  dans le monde. Nombre de ces tactiques ont pu se révéler adéquates, mais certaines demeurent inopérantes ou peuvent être, parfois, génératrices de conflits." (Notes de psychologie, p.120 Silo)

D'une part, la majorité des représentants en position de pouvoir et d'influence ne reconnaissent pas la complexité du moment actuel et continue à répéter les mêmes réponses face à une crise de plus en plus généralisée. Ils répètent ces réponses mais celles-ci ne font qu'aggraver la situation générale.  En fait, ils nsint incapables de participer à la réactualisation du temps future a partir de leur moment historique et garantir les  intérêts "du tout social". D'autre part, nous saisissons bien le déphasage entre le tout social et les plusieurs leaders quand nous observons le traitement réservé aux femmes, aux minorités à travers le monde et le maintien des inégalités entre les pauvres et les très très riches. Nous sommes devant des déterministes personnels et sociaux  et surtout devant des croyances et structures mentales de fermeture à l'égard de nouveaux modes de pensées et d'autres styles de vie.

Consequemment, l'interprétation des réalités sociales, politiques et religieuses est filtré au travers de valorisations qui sont déphasées en ce qui concerne les nécessités vitales et aspirations de milliards d'individus à travers le monde. 

Dans une telle atmosphère de fermeture, plusieurs parlent de la sauvegarde de la liberté d'expression, mais très peu abordent le thème de la liberté de pensée. Pourtant, si nous souhaitons sortir de ce moment, il est urgent de faire progresser la bonne connaissance afin de créer les conditions d'ouverture a de nouveaux modes de pensée. Mais, nous devons rester vigilants et admettre que nous sommes devant un nouveau moment exigeant une flexibilité du mental ; une flexibilité dans les images et dans l'ouverture intellectuelle. Nous savons qu'un nouveau mode de pensée ne  pourra émerger des milieux politiques, économiques et académiques soumis par le diktat de l’argent.

Pourtant, tout le monde sait que la complexité des contextes sociaux, économiques, politiques et religieux est devenu hors de la portée des  «improvisateurs qui présentement au pouvoir» et tentent  désespérément de manipuler faits et événements pour satisfaire des intérêts particuliers et maintenir une certaine representation du monde. Tôt ou tard, ils ne pourront plus rien manipuler. Tôt ou tard, ils auront beaucoup trop de problèmes ayant cette grande avidité en plus d'être totalement incompétents pour diriger le processus historique actuel qui échappe de plus en plus à leur désir et capacité de planification.  

Les nouvelles voies

Il doit exister une façon de faire les choses afin de jeter les nouvelles bases d'une théorie de l’action humaine. Autrement dit, une façon de comprendre le phénomène à l’origine de l’action, sa signification, son sens et  modifier la direction déshumanisante des choses, des événements et conséquemment de nos vies. Certains diront que l’action humaine ne requiert aucune justification théorique, par ailleurs l'histoire nous montre que c’est souvent dans les moments de crise et de grande noirceur que le sens de l’action humaine renaît sous de nouvelles compréhensions et récits humains.

(..) que ce n’est pas le moment des théories ni des idéologies étant donné que celles-ci ont démontré leur échec et leur effondrement définitif, ouvrant finalement la voie à la réalité concrète voie qui doit mener au choix de circonstances les adéquates pour aboutir à une action efficace. Le fatras des objections précédentes indique un indubitable tréfonds pragmatique qui, comme nous le savons, est exhibé quotidiennement comme une activité anti-idéologique qui prétend se justifier par la réalité même.  Mais les défenseurs d’une telle attitude ne nous disent rien sur ce qu’est cette réalité qu’ils mentionnent, ni avec quels paramètres mesurer l’action pour la considérer comme «efficace». (Silo, 2013 p.156)

Nous croyons que l'approche psychologique et phénoménologique que propose Silo (descriptive et non explicative), est l'alternative. Dans son ouvrage «Contribution à la pensée» il explique « la structure perception-image» qui est le comportement de la conscience dans le monde, et qui possède un sens, c'est-à-dire la transformation de ce monde» (1995, p. 9). Selon l'auteur l'intentionnalité de la conscience est active dans le monde grâce à l'image, c'est-à-dire grâce à la fonction de l'image et sa spatialité dans l'espace de représentation. Ainsi pour chaque perception il y a une représentation-sensation et finalement une structure interne qui est l'image interne et qui lien l'intentionnalité de la conscience aux dénommés mondes. 

L'approche que propose  Silo s'appuie sur le registre (ressenti + mémoire) - la sensation mémorisée et/ou imaginée par l'appareil de registre (la conscience). « Le registre se rapporte à l'expérience vécue qu'un individu a d'un phénomène, c'est-à-dire à la manière dont la conscience l'enregistre, c'est-à-dire l'impression du phénomène dans la conscience» (Silo, a1999, p. 33).   Autrement dit, la perception active l'image interne, tandis que l'image interne active le corps dans l'action. En outre, c'est à partir de ce constat que nous pouvons développer un nouveau cadre théorique afin d'expliquer comment l’individu peut établir des reconnaissances et ressentir la présence de l'autre alors qu'il interagit avec les objets des dénommés mondes pour construire sa réalité.


L'être humain en construction
Selon nous, si les chercheurs, les experts souhaitent l'avancée des connaissances dans les domaines des sciences sociales et de l'éducation ils devront renoulever cette representation-image déphasée de l'être humain. Une image qui réduit l'être humain à son aspect chimique, à son patrimoine génétique et neurologique est forcément incomplète afin de se sortir du moment actuel et appréhender les phénomènes que nous vivons en tant qu'individu et culture.

Par exemple, la théorie de l'espace de représentation, nous explique nos propres représentations sont constamment réactualisées à partir de la perception et du registre de l'action menée dans le monde. Ainsi nous supposons que c'est le psychisme -l'appareil de mémoire, l'appareil de perception et l'appareil de registres -incluant évidemment l'activite neuologique du cerveau - qui participe à l'élaboration des representations  et des images du monde. Or il est tout à fait possible de réactualiser une image du monde qui inclut l'être humain, ses expériences et son histoire personnel. Ce processus differe totalement de la reactualisation constante de l'image du monde a partir des valorisations du paysage de formation des anciennes generations.
En fait, nous savons que la conscience des individus n'est pas le reflet passif ou déformé du monde naturel, mais plutot celle-ci transcende le monde naturel. En effet, si tout était réduit au naturel, les individus ne pourraient pas, à partir des images, ressentir la présence de l'autre, son humanité et sa liberté pour ainsi obtenir différentes impressions de la diversité humaine.
Comme Silo, Sartre, Heidegger et Husserl l'ont démontré, nous supposons que la conscience est une activité intentionnelle et qu'elle est l'incessante interprétation et la reconstruction du monde. 

Évidemment, l'être humain participe avec son corps au monde naturel, sans être toutefois être réduit à un simple phénomène naturel. Par consequent, selon nous, l'étude de l'intentionnalité de la conscience pourrait permettre de réhabiliter l'image de l'être humain à quelque chose qui dépasse sa propre nature et lui permettre de dépasser le moment de fermeture actuel. Évidemment, pour être valide toute nouvelle théorie de l'action humaine et toute nouvelle image de l'être humain doit dans ses fondements s'appuyer sur le traitement de l'autre.. et sur l'amplification de son horizon psychologique! -- c'est-à-dire d'ouvrir son propre futur et celui-ci des autres!


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Anne Farrell, Étude du registre d'immersion et de l'état de présence interne chez les jeunes entre il et 15 ans qui socialisent dans les espaces de clavardage et de jeu,  mémoire présenté comme exigence partielle de la maîtrise en communication, UQAM, 2008, 



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