Yggdrasil, l'arbre du monde et Papa
Yggdrasil, l'arbre du monde et Papa
S'il vivait toujours, aujourd'hui mon père aurait 85 ans. Il est parti à la fin de septembre 2010. Il était un homme d'exception. La forêt l'habitait totalement, son paysage intérieur était teinté d'essence d'épinette noire, de grands pins et de sapins. Très jeune mon père suivait son père, qui avait appris la trappe auprès des amérindiens au Nord de la 45ième parallèle.Durant sa vie mon père a trappe des lynx, des loups, des renards, des castors. Il est né dans les forêts, il a travaillé dans les forêts. En fait, si les banlieues près des grands centres urbains ce sont étendues partout en Amérique du Nord c’est un peu à cause du travail des hommes comme mon père.
Comme des milliers d’hommes de sa génération, il a participé au déboisement de la forêt boréale au Nord du Québec et de l'Ontario pour satisfaire l’appétit du grand capital. Des centaines de millions d’arbres furent abattus pour la prospérité! Comme des millions d’hommes, des membres de la famille élargie de mon père ont participé à la destruction de l'Europe durant la 2ieme guerre mondiale pour stopper la montée du fascisme et combler l’avarice de puissants hommes d’affaires.
Comme des millions d'hommes de sa génération, il est né avec l'avènement du «transistor» et les débuts de la radio. Il s'est ouvert sur le monde en écoutant des missions portant sur les diverses cultures, et point de vues. Plus tard, il a continué cette ouverture sur le monde avec l'invention de la télévision et son arrivée massive dans les salons des citoyens Nord Américains.
Comme des millions d’hommes de sa génération il était fasciné par l’exploit des américains d'avoir « marcher » sur la lune. Je ne souviens de tous ses magazines sur les étoiles et la lune et la mini lune qu’il y avait au salon. En fait, il était très informé sur les différents types d’avions.
Pendant 35 ans, mon père a parcouru des milliers de kilomètres dans les forêts boréales, très loin au Nord de la 45 parallèle en pilotant un petit avion. J’aimais l’accompagner en avion et survoler les dizaines de lacs et cette immense forêt pratiquement «vierge ».
Comme des millions d'hommes de sa génération il était le patriarche de la famille. Mais il a dû rapidement s'ouvrir à la réalité des femmes lorsqu'il vivait avec cinq femmes, ma mère et nous les quatre filles. Ma mère était une féministe et elle a su convaincre mon père à l'ouvrir aux réalité des «filles». Grâce à ma mère et mon père nous avons toutes eu accès à des études supérieures.
Enfant j’adorais l’accompagner dans les forêts, surtout l’hiver. Car la coupe se fait l’hiver, puisque généralement les camions circulent lorsque le sol est gelée. Je me souviens des ponts de glace qui enjambaient les rivières. Mon père pouvait traverser un lac glacé avec une tonne de neige dessus e
Par ailleurs, à mon adolescence j’ai changé de perspective sur le Nord. Devenue une environnementaliste, j'ai souvent reproché à mon père son loisir c’est-à-dire le trappage d'animaux sauvage et les conséquences de son travail. Le déboisement massif de la forêt boréale, entre de 1950 à 1990.
Mais à la fin des années 80', il a changé de camp! Il s'est mis à planter des arbres. Il en a planté milles, plus dix milles puis des dizaine de milliers. Puis il a progressivement cessé la trappe, il aimait admirer les animaux et les oiseaux.
Comme des millions d’hommes de sa génération il était très heureux qu’une moitié du monde s’écoule en 1990 sans guerres ni génocide. Il était soulagé lorsque les Américains et les Russes ont éliminé une grande partie de leur machine de destruction massive à la fin de la guerre froide.
Comme des millions d’hommes de sa génération il était préoccupé par le sort des palestiniens, par les autochtones canadiens et par la pollution. Pourtant il n’était pas gauchiste. Il était père et grands-pères et souhaitait un monde meilleur pour sa famille et ses amis.
Il a toujours accompagné les changements de saisons avec brio, et nous a légué son amour pour les éléments de la nature. La nuit qu’il nous a quitté, nous étions avec lui, ma mère et mes sœurs, Carole, Sylvie moi et Patricia. Je me souviens d’avoir eu l’impression qu’il cherchait un moyen de partir. Alors je me suis rapproché de lui et lui dit à l’oreille, c’est bon papa tu peux partir. Prends tes raquettes, ton sac à dos et ta boussole, et vas-y. Il me fit un clin d`'oeil, puis parti! À ce moment-là j’ai eu l’impression que la mort n’existait pas, mais plutôt qu’il s’agissait d’un passage vers un autre état. Comme disait mon père les grands pins me meurent jamais.
Enfin, mon père était un fin observateur des changements de la nature. S'il vivait aujourd'hui je suis sûre qu'il ferait tout en son pouvoir pour militer pour le climat.
Aujourd'hui je prends hommage à cet homme d'exception en vous présentant un mythe très ancien qui nous parle du futur et des changements a venir. Je crois que le mythe «Yggdrasil» résonne avec le moment historique dans lequel mon père et sa génération ont vécu. À l'exception que cette génération a choisit de se rapprocher au lieu de se refermer et de confronter les autres cultures en générant des conflits. Il me semble que l’avènement de l’internet soit quleque peu la conséquence des choix d’ouverture vers les autres a initié cette génération.
Ce mythe traduit ces tensions viscérales que ressentent « une génération où un peuple » qui vivent un moment critique dans son histoire. Ce sont des images de désolation, de contamination et de conflits. C’est la perte de l'harmonie entre les hommes de diverses cultures et religions et entre les hommes et la nature. Puis, dans un autre moment c’est l’impulsion vers de nouvelles idées et visions qui guident les nouvelles générations avec la construction d’une réalité plus solide et harmonieuse.
Yggdrasil, l'arbre du monde tiré du livre " Mythes Racines Universels", écrit par Silo. Silo, est décédé le jour de l'anniversaire de mon père en 2010, le 17 septembre et mon père quittait la terre quelque jours plus tard.
Le livre «Mythes Racines Universels » est disponible sur le site de l'éditeur Henri Oscar Communication www.educationnonviolence.ca
Yggdrasil, l'arbre du monde
Mais à la maison, puissants et affables,
Arrivèrent ensuite trois à des de cette famille ;
Sur terre ils rencontrèrent Ask et Embla
Peu vigoureux et dépourvus de chance.
Ils n'avaient alors ni âme, ni génie,
Ni vie, ni parole, ni bonne couleur ;
Odin les anima. Honir leur donna le génie,
Lodur leur donna la parole et la bonne couleur. (2)
Dans les horizons de glace, dans les froids hivers du Grand Nord, quoi de plus désirable que l'arbre, germe du feu, fourrure chaude et protectrice de la horde guerrière, corps de serpent qui nous portr à l'intérieur de l'incursion viking, outil du champ fertile, témoin de l'engagement que nous célébrons devant lui ! Nous aimons la plante et bien que le soleil soit d'or, nous sentons qu'il est végétal. C'est pourquoi nous avons toujours songé que la fin de ce monde surviendra quand le loup dévorera le soleil, quand les plantes mourront. Nous descendons de Ask ("frêne") et d'Embla ("orme") deux beaux troncs tombés, qui, par la volonté des dieux, des ases formateurs, revinrent à la vie en tant qu'êtres humains.
Ases et asiniennes aiment également l'arbre ; c'est pour cela qu'ils se réunissent et délibèrent en ce lieu. Mais mieux vaut qu'en parlent ceux qui savent le faire. Gangleri demanda : "Quel est le lieu où les dieux se réunissent ?" Et Har répondît: " Dans le frêne Yggdrasil. Là, quotidiennement, les dieux tiennent leur tribunal, et c'est de la qu'ils tracent le destin du monde."
Alors Jafnhar ajouta : "Les branches du grand arbre s'étendent sur tous les mondes mais ses trois racines naissent la ou les anses (3) ont leur demeure, la ou vivent les géants de glace (4) et la ou se trouve le Nilfheim (5).Sous cette dernière racine se trouve Hvergelmir (6). Et en ce lieu, Nidhogg (7) mord la racine. Sous la racine qui vers les géants de glace se trouve la source Mimir (8) dans laquelle on trouve la connaissance. Odin arriva jusqu'à elle et demanda qu'il lui fut permit de boire ses eaux ;mais il ne put le faire qu'en arrachant un de ses yeux pour le laisser en offrande.(9) "
Certains disent qu'odin, grand voyageur, cherchant toujours la sagesse, alla en d'autres pays. La, il descendit dans les profondeurs des mines et s'emparant du nain Alberico (a ce qu'ils disent), il se fit remettre le heaume qui rend invisible et l'anneau. possesseur du grand secret de l'or du Rhin, que le gnome avait dérobe a la surveillance des ondines.
C´est aussi pour cela que les géants Fafnes et Otr se disputèrent avec Odin. L'un resta le crâne brise et l'autre, transforme en dragon, vécut en defendant le trésor des Nibelungen, jusqu'à ce que Siegfried (notre Sigurd) le tue, s´emparant de l'anneau a l'origine de tant de maux ; maux qui se perpertuèrent et qui virent finalement a bout de tous ceux qui avaient été en relation avec lui. Car seule la sagesse d'Odin peut manier ces forces. Odin lui qui consulte parfois les pendus lui qui se lance dans toute entreprise envahi par cette '"soif de savoir", comment n'allait-il pas aller vers les normes, boire l'eau de la connaissance ? Odin les supplia de le laisser gouter de ces eaux ; elles le lui permirent mais en échange de l'un de ses yeux. Maudites soient les trois normes qui blessèrent le visage divin pour prendre soi bien ! (10) Ces trois femmes, appelés Urd (11), Verandi (12), et Skuld (13) façonnèrent les jours des hommes. Mais il y aussi d'autres normes qui decidèrent de la vie des mortels, des elfes et des gnomes. Les bonnes vies sont régies par les normes bienveillantes et les vies mauvaises par celles de lignage pervers.
Mais il y a encore beaucoup d´autres choses a évoquer : comment oublier le cheval de Balder qui accompagna le héros au bucher lorsqu’il mourut ; ou encore le cheval d'Odin, le magnifique Sleipnir, qui, de ses huit pattes, traça les distances du monde ? Et note mémoire se réjouit en se rappelant les cygnes qui s'abreuvaient aux sources sacrées (14).
Thor, les Walkyries et e Walhalla
Le guerrier et son ciel
De tous les âges, Thor est le plus fort. Dans son royaume se trouve la demeure la plus grande que l´on connaisse. Le dieu se déplace sur un char traine par deux grands boucs et porte sur lui ses trois pouvoirs ; le marteau Mjollnir, qui est comme le tonnerre et que les cranes des trolls de glace et des géants des montagnes connaissant bien. Son autre pouvoir réside dans le centuron qui accroit sa force quand il eceint. Et enfin le pouvoir de ses gants de fer avec lesquels il prend son marteau et grâce auxquels le manche ne lui échappe pas des mains quand il donne ses coups furibonds. La charge de Thor est terrible mais llene l'est pas seulement sur les champs de bataille. Quand la bataille commence, les Walkyries chevauchent et choissisent ceux qui sont destinés a mourir avec courage. Elles entraînent les héros et les font parvenir jusqu'au Walhalla (15),la ou se trouvent les énormes portes et les salles construites avec des boucliers, la sont dressés les tables et les jarres ; la ils mangent le sanglier sacré .
A l´Urb. les guerriers sautent de leurs couches, prennent leurs armes et s'élancent vers les champs de bataille . Il se combattent les uns les autres en combat singulier. C'est pour les héros le meilleur amusement de la journée. Au coucher du soleil, ils reviennent au Walhalla sur leurs chevaux et ayant passe les gigantesques portes, ils s'installent dans la salle. Joignant leurs bras en une grande chaîne et comme mus par le vent du ciel ou les vagues de la mer, ils se balancent de droite et de gauche tout en chantant avec fracas. Arpe, ils boivent entre amis (16).
Raganrok, le destin des dieux
L'Hiver Terrible viendra et la gèle persistance dans les vents glaces accompagnera la neige qui ne cessera pas non plus. Il y aura alors de grandes batailles motivées par l'avarice. Le frère donnera la mort au frêne et les familles seront détruites, plongées dans le meurtre et dans l´inceste (18).
Dans son chant, dans son volusspa, la vielle devineresse avait prédit la rupture des chaînes du gardien de l´Enfer. Elle y annonçait la chute des dieux (19), l'écroulement du monde (20). Elle vit le loup dévorer le soleil tandis qu’un autre loup engloutissait la lune. Elle vit tomber les étoiles et entendit trembler la terre. Elle annonça la rupture des chaines qui retenaient le loup Fenris et la destruction des limites de la terre lorsque le serpent marin, remuant les océans, s'avança sur la terre ferme.
Le vaisseau Naglfar, construit avec les ongles des morts, aura été achevé et prendra la mer, bien que les dieux auront essayé de retarder sa mise a l'eau, car l'on aura pas recueilli a temps assez de morts, et leurs cheveux et leurs ongles continueront de croitre sans que personne ne puisse les couper.
Le ciel s'ouvrira en deux et le frêne Yggdrasil tremblera. Tous les ases avec leurs brillantes armures avanceront vers le champ de bataille ; la Odin, avec son heaume d'or avancera en luttant dans la gueule du loup Fenris ; Thor donnera la mort au grand serpent mais succombera a son tour par son venin. Vitharr cassera la marchoîre supérieure du loup et chacun des ases et chacun des monstres se tueront mutuellement. Alors Surtr, crachat le feu, brûlera le monde (21).
Que restera-t-il alors du ciel et de la terre ?
Qu’en sera-t-il des dieux ? La
devineresse prédit que les images des dieux, de la terre et des gens d’avant se
seront évaporées comme une hallucination, comme celle que vécut Thor au moment
où il crut qu’il allait être vaincu. L’illusion d’un monde et des dieux
correspondant à ce monde se sera évaporée. Alors, les hommes qui s’étaient
cachés auront pour aliment la rosée du matin. La terre sera belle et verte ;
elle donnera des fruits sans être ensemencée et on y trouvera des palais
aériens. Tous se réuniront pour parler ensemble et se rappeler leur sagesse
d’antan et ils parleront de ce qui arriva jadis, du Serpent qui entoure la Terre
et du Loup Fenris. Ils trouveront également dans l’herbe ces pièces d’or avec
lesquelles les ases jouaient sur leurs échiquiers. L’humanité sera prête pour
l’apprentissage et c’est pourquoi, elle commencera à marcher parmi les dieux.
Mais rien de plus ne doit être ajouté car rien de ceci ne s’est encore
accompli.
Ainsi se ferma le cycle du dernier des Vikings. On entendit la voix de Haki tandis que son grand serpent se faufilait vers la mer. On entendit les phrases que Haki
adressait à son fils tandis que la brume, en un épais manteau, s’abattait sur ses épaules. Un flamboiement rouge incendia le brouillard et le rugissement des vagues embrassa la rumeur de ses paroles.
Alors Haki dit ainsi :
« Ne sois pas trompé par ces
fables avec lesquelles nous avons rendu innocent le savoir que nous avons reçu.
Pour l’instant, c’est au tour des gens étranges d’avancer, des gens intolérants
qui effacent la mémoire d’autres peuples. Il leur plaira d’entendre que
l’Yggdrasil va se flétrir parce qu’Odin a coupé une de ses branches pour en
faire sa lance. Ils claqueront leur langue avec délice parce qu’Odin a perdu un
œil. Ils se réjouiront parce que notre ciel tombe en un effroyable craquement
et il leur semblera que cela annonce l’aube de leur temps. C’est ainsi que nous
avons raconté nos histoires mais ils ne savent rien.
L’Yggdrasil se dresse,
immense, et la nuit il resplendit ; tout le ciel tourne autour de l’axe du
Grand Nord tandis que la pointe de l’axe communique avec l’étoile fixe et que
le soleil tourne, blafard, dans les horizons glacés. Ils célébreront leur jour
le plus important avec notre arbre enneigé et à son sommet se trouvera l’étoile
fixe ; et cette nuit-là, nous leur enverrons des cadeaux, en descendant du ciel
dans un traîneau doré tiré par des rênes. Dans leurs rêves et leurs contes
habiteront nos lutins, nos trolls, nos géants et nos anneaux enchantés. Nos
forêts les appelleront et quand ils tourneront la tête très rapidement, ils
pourront voir un elfe ; ils entendront le chant de l’ondine dans les ruisseaux
murmurants et chercheront la marmite d’or que les nains ont laissée derrière
l’arc-en-ciel... Mais laissons-là ! Dans nos glaciers et nos champs de neige
surgit le volcan et le geyser projette sa chaleur. Ajuste la main sur le
gouvernail, fils et ami ! Déjà, nous abandonnons les fjords connus. Dans les
aurores boréales, les dieux dansants changent de couleur tandis que nous
autres, ici-bas, chevauchons les vagues de la mer furieuse. » (22)
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Référence: «Mythes et Racines Universels», Silo 2000.